Conformément aux orientations du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale et de la révision générale des politiques publiques (RGPP), l’Armée de terre franchit cet été la première étape décisive de sa modernisation. S’appliquant à la fois à l’outil de combat, aux processus de toutes natures et naturellement aux ressources humaines, cette transformation devra lui permettre de retrouver les marges de manœuvres indispensables à l’accomplissement dans les meilleures conditions de ses contrats opérationnels, ce qui est sa seule et unique finalité.
L'Armée de terre engage sa modernisation
Au sein du ministère de la Défense, l’Armée de terre est activement engagée dans la réforme de l’État voulue par le président de la République et dont les décisions les plus significatives ont été rendues publiques le 24 juillet 2008. Cette modernisation représente pour elle une opportunité à saisir pour s’adapter aux nouveaux enjeux stratégiques tels qu’ils viennent d’être redéfinis, et à un contexte budgétaire particulièrement difficile. Au cœur de tous les engagements militaires de la France, l’Armée de terre, tout en conduisant ces indispensables évolutions, continue de s’acquitter de toutes les missions qui lui sont assignées, au prix d’efforts très soutenus, parfois à la limite de la rupture pour les unités, les spécialités et les équipements les plus sollicités. En effet, l’adaptation de ses capacités opérationnelles, le renouvellement de ses matériels et l’amélioration de la condition de son personnel avaient pris du retard depuis quelques années. Dans le prolongement de la période de passage de l’armée de conscription à l’armée professionnelle, au cours de laquelle toutes les rationalisations nécessaires n’avaient pu être conduites compte tenu de l’ampleur du chantier et des bouleversements profonds qu’il provoquait, il était ainsi devenu indispensable d’entreprendre une réforme de grande ampleur, afin de retrouver, à enveloppe budgétaire durablement contrainte, les marges de manœuvre permettant le financement et le soutien des matériels, et l’amélioration des conditions de vie professionnelle et sociale de ses soldats.
Les conclusions et orientations issues de la Révision générale des politiques publiques (RGPP) et du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale tracent les lignes directrices de cette modernisation. L’effort consenti par la nation doit être prioritairement consacré aux forces, car c’est l’engagement opérationnel qui constitue la seule raison d’être de l’Armée de terre. Tous les efforts de restructurations sont tendus vers la mise à la disposition du Cema d’hommes bien formés et bien entraînés pour leurs missions, et aussi bien équipés que le permettent les ressources. Tout est entrepris pour que la conduite du changement ne vienne altérer cette dynamique, car l’Armée de terre est une armée d’emploi, qui fournit plus de 80 % des effectifs interarmées déployés en opérations (environ 8 000 hommes actuellement) (1) sur cinq théâtres majeurs, et qui assume la quasi-totalité des pertes.
La réalisation de cette volonté implique : une modernisation d’envergure de l’administration générale et des soutiens, notamment communs ; une optimisation des processus d’acquisition, d’emploi et de maintien en condition des équipements ; une adaptation réaliste de la préparation opérationnelle aux besoins des théâtres d’opérations ; tout en s’attachant à maintenir et développer la cohérence des ressources humaines. L’Armée de terre doit donc poursuivre la véritable transformation, entreprise en 1996, pour ajuster l’ensemble de ses capacités et de ses ressources au nouveau contrat opérationnel, en s’engageant résolument dans un processus de rationalisation entraînant une diminution importante de ses effectifs et un resserrement significatif de son plan de stationnement. In fine, la réforme touchera près de 50 000 hommes et femmes de l’Armée de terre, elle se traduira par la réduction de 24 450 postes militaires et civils, la dissolution en métropole de 7 états-majors et 18 régiments, des transferts d’unités entraînant la mutation géographique de 25 000 personnes, l’abandon d’une trentaine de garnisons et la réorganisation de la quasi-totalité des formations conservées.
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