L’Arctique devient le théâtre d’une compétition internationale, que le seul réchauffement de la planète ne suffit pas à expliquer. Des différends durables sont apparus sur la délimitation du plateau continental, le statut de nouvelles routes maritimes, les ressources en hydrocarbures et minières, la pêche, les droits des peuples d’origine. Un traité de l’Arctique est exclu à horizon humain, d’autant plus que la région est vitale pour de grands acteurs stratégiques (revendications russes, bouclier antimissiles américain…). De plus, le Groenland sera sans doute bientôt indépendant. Quant à l’Antarctique, solidement protégé par un traité vieux de 50 ans, il suscite un intérêt renouvelé, pour des raisons qui ne sont pas toutes désintéressées.
Les enjeux géopolitiques des pôles
Les mondes polaires ne cessent d’occuper le devant de la scène, pour de bonnes et fortes raisons. Si cinq pays seulement sont riverains de l’Arctique (Canada, Danemark, États-Unis, Norvège, Russie), la région intéresse une grande partie du monde industrialisé. Des ambitions et des convoitises se multiplient, des rapports de force se structurent (1).
De nombreuses et récentes initiatives
L’année polaire internationale, étalée comme d’habitude sur deux ans (2007-2009), vient de s’achever (2). La banquise estivale continue à diminuer rapidement, en superficie et en épaisseur : 7,5 millions de km2 en 1982 (13,5 fois la France), 4 millions de km2 en 2007 (7 fois la France), selon l’Administration nationale (américaine) océanique et atmosphérique (NOAA). D’autres experts (Geophysical Research Letters) affirment que l’océan Arctique sera quasi libre de toute glace d’ici à trente ans, la glace fondant trois fois plus vite que prévu. En effet, le réchauffement de la planète s’auto-alimente, puisque la glace avait le mérite de renvoyer l’énergie solaire, ce que ne fait pas la mer, et que l’atmosphère y est devenue plus poussiéreuse. Le pergélisol (sol gelé en permanence) se ramollit, pouvant déstabiliser des constructions et modifier la vie des populations (difficultés de déplacement), tout en libérant du méthane, lequel aggrave l’effet de serre. Sans parler de la flore et de la faune (disparition crainte de l’ours). La superficie de certains lacs sibériens s’agrandit rapidement.
Malgré ces menaces, des espoirs, mesurés ou hyperboliques, se font jour. Ils portent sur la navigation maritime estivale au nord du Canada (passage du Nord-Ouest) et de la Russie (passage du Nord-Est, dit aussi du Nord). En septembre 2008, pour la première fois dans l’histoire, les deux passages ont été simultanément libres. La lutte contre le réchauffement climatique devrait associer bientôt les États-Unis. Ceux-ci, après tant d’années d’un unilatéralisme ou d’un isolationnisme dévastateur, participeront selon toute vraisemblance à l’élaboration d’un texte post-Kyoto (sommet de Copenhague, décembre 2009) et ratifieront la convention de Montego Bay sur le droit de la mer (1982).
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