L'Espagne est en plein renouveau. À l'heure où les accords Reagan-Gorbatchev inquiètent les Européens qui y voient un risque d'accélération du découplage nucléaire, il est temps d'accueillir notre voisine du Sud-Ouest au sein de la grande famille continentale. C'est la recommandation que fait l'auteur à l'issue de cette étude stratégique.
Regard stratégique sur l'Espagne
Depuis la mort de Franco, l’Espagne fait tous ses efforts pour sortir de l’oubli et devenir une puissance européenne à part entière. Au moment où notre Vieux Continent, jalousé à des titres divers par les deux supergrands, est troublé par les problèmes de sécurité et de désarmement, il n’est pas inutile de jeter un regard sur ce pays voisin qui a dominé l’Occident pendant trois siècles. La dénonciation de quelques pesanteurs permettra de définir les atouts dont dispose aujourd’hui cette puissance rajeunie et de faire ressortir ses potentialités sur le plan stratégique.
Pesanteurs
La première des pesanteurs de l’Espagne réside dans l’héritage de son passé. Sous le franquisme, le pays, vexé d’avoir été montré du doigt depuis si longtemps par les puissances européennes, s’était enfoncé dans un repli méprisant. À la mort de Franco, en 1975, l’Espagne s’était réveillée comme sous l’effet d’une baguette magique. Une tâche difficile et exaltante s’était alors offerte au jeune roi, plein de bonne volonté, et aux hommes d’État dont le réalisme était sans doute la première de leurs vertus.
Sur le plan politique, il fallut, en effet, pourvoir le régime d’un certain libéralisme après tant d’années de rigueur, mettre en place les institutions démocratiques coiffées par une nouvelle Constitution, définir le rôle du roi, accorder à certaines provinces divers degrés d’autonomie. Dans le domaine économique, il s’agit d’accomplir une révolution pour permettre au pays d’être à même de se présenter sur le front des puissances industrielles au seuil du XXIe siècle. En matière de maintien de l’ordre, le gouvernement eut à lutter contre les terroristes, surtout les Basques de l’ETA, et à s’opposer aux tentatives de séparatisme de certaines provinces. En ce qui concerne les militaires, le roi et les Premiers ministres successifs durent persuader quelques nostalgiques que l’ère des pronunciamientos était terminée. En politique extérieure, enfin, il s’avéra nécessaire de dégager les horizons étriqués de la péninsule et d’inciter les citoyens à regarder au-delà des Pyrénées et des mers attenantes.
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