Comment assurer la sécurité des équipes d'aide humanitaire dans les pays troublés du Tiers-Monde ? Comment leur permettre d'accéder à des régions où elles sont indésirables ? Ces deux grandes questions ont été débattues au colloque international qui s'est tenu à Niinisalo en Finlande du 24 au 26 octobre 1989. L'auteur, qui y participait, nous présente ses réflexions et esquisse les caractéristiques d'une nouvelle catégorie de force internationale : les Casques bleus « humanitaires ». Il est par ailleurs l'auteur d'un livre sur Les bérets bleus de l'ONU à travers 40 ans de conflit israélo-arabe (1988, Éditions France Empire, 806 pages).
Quelle protection pour les équipes d'aide humanitaire ?
Lorsque le train de sorgho frété par l’ONU parvient à Aweil (Soudan Sud) le 28 mai 1989, il a essuyé en huit jours de voyage — pour un trajet de 280 kilomètres — bon nombre d’avanies : déraillements, pillages, attaque à main armée. Quatre jours plus tard, le 1er juin, le Transall ouest-allemand assurant le ravitaillement en vivres de Torit, une autre localité du Soudan Sud, est attaqué au sol par une patrouille de l’armée de l’air soudanaise (1).
Les exemples abondent des entraves apportées, dans de nombreux pays du Tiers Monde, aux opérations d’aide humanitaire. On compte plus de cent fonctionnaires internationaux qui ont été victimes en 1988, dans le monde, d’assassinats, enlèvements ou arrestations illégales. Cette aggravation du sort réservé aux membres des opérations humanitaires s’observe à un moment où l’opinion internationale, mieux informée et plus sensibilisée qu’autrefois, prend conscience avec indignation de la situation intolérable imposée à de nombreuses populations par les conflits entre États, par la guerre civile ou simplement par le fanatisme ou l’incurie des gouvernants. Cette opinion publique se tourne naturellement vers l’ONU et s’étonne que celle-ci ne puisse porter remède à un si triste état de choses.
L’Assemblée générale des Nations unies a pourtant manifesté avec éclat son intérêt pour ce problème en adoptant à l’unanimité le 8 décembre 1988 une résolution tout à fait novatrice sur « l’assistance humanitaire aux victimes des catastrophes naturelles et situations d’urgence du même ordre » (2). « Considérant que le fait de laisser les victimes (…) sans assistance humanitaire représente une menace à la vie humaine et une atteinte à la dignité de l’homme », l’Assemblée générale invite fermement les États à « faciliter la mise en œuvre par (les) organisations de l’assistance humanitaire » et à apporter « leur appui à ces mêmes organisations dans leur action ». Mais ce texte, qui réaffirme la souveraineté des États, n’autorise en rien l’Organisation internationale à s’affranchir du devoir de non-ingérence dans les affaires intérieures des États, tel qu’il est imposé par l’article 2 de la Charte des Nations unies.
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