À l’aube du XXI^e siècle, l’Afrique du Sud a rendez-vous avec l’histoire. Le pays est confronté à un véritable défi qui consiste à donner le droit de vote aux Noirs et à assurer un partage du pouvoir entre les différentes communautés. À l’échelon régional, la province du Natal est en train de réaliser une expérience intéressante sur cette délicate question. Bénéficiant d’atouts importants, en particulier l’extraordinaire volonté des dirigeants des différents groupes de population d’aboutir à un consensus, l’entreprise a déjà obtenu des résultats encourageants qui pourraient servir de modèle à l’Afrique du Sud de demain.

Les atouts de cette Californie africaine

Le Natal est la plus petite des quatre provinces sud-africaines. Sa superficie qui ne couvre que 87 000 kilomètres carrés est nettement inférieure à celle de la province du Cap (645 000), du Transvaal (262 000) et de l’État libre d’Orange (128 000). Située en bordure de l’océan Indien dans un environnement tropical qui en a fait l’une des contrées les plus agréables de la zone, cette région constitue la façade maritime du riche Transvaal et l’une des principales portes de l’Afrique du Sud sur l’extérieur. En plus de cet avantage d’ordre stratégique, le Natal possède de nombreux autres atouts à caractère économique et humain.

Sur le plan agricole, la principale richesse réside dans l’exploitation de la canne à sucre (l’Afrique du Sud en est le sixième exportateur mondial). D’autres cultures, comme le coton et surtout les fruits tropicaux (mangues, avocats, litchis…), occupent aussi une place importante dans la dynamique économique du pays (la république d’Afrique du Sud est l’un des grands producteurs mondiaux d’avocats). Le tissu industriel est en grande partie concentré sur le bassin houiller qui s’étend sur les hauts plateaux du Nord et prolonge les grands sites charbonniers du Transvaal. Le charbon a été à l’origine du développement de l’industrie textile utilisant des fibres naturelles et synthétiques. La quasi-totalité de la production houillère (essentiellement constituée d’anthracite) du Transvaal et du Natal est exportée par le port de Richard’s Bay qui, en l’espace de quelques années, est devenu le plus grand port charbonnier de toute l’Afrique. Cette situation a été favorisée par la construction d’une voie ferrée électrifiée de 600 kilomètres reliant les zones d’extraction aux structures portuaires. L’autre grand pôle d’activité est représenté par la métropole de Durban où dominent la construction navale, l’industrie textile, l’industrie chimique et un important secteur tertiaire.