Politique et diplomatie - Y a-t-il encore place pour de grands desseins ?
Longtemps de grands desseins ont animé l’histoire. Fruits d’une patience éprouvée, médités par des souverains assurés de durer, ils mobilisaient des peuples dociles pour des gains à longue portée. On savait ce qu’on voulait, on y mettait le prix, on distinguait l’essentiel de ce qui ne l’était pas, on pouvait attendre. D’eux-mêmes ils s’imposaient alors que passaient les régimes. Point n’était besoin d’en parler : on y pensait toujours.
C’était en d’autres temps. Aujourd’hui, pressés, nous allons de crise en crise et, en de brefs mandats, des élus devront rendre compte à la hâte des points qu’ils auront marqués. La bipolarité, il y a encore peu, bloquait tout le jeu. Certes, depuis qu’elle a pris fin, la vie internationale se fait plus agitée, mais les nations, en dépit d’évidentes et énormes bavures, paraissent communier dans des idéaux paisibles communément partagés. L’ère des amples visions nationales est-elle donc close à jamais ?
Ne soyons pas dupes des apparences, sinon de l’endoctrinement. Font à nouveau surface, ou se laissent pressentir, des ambitions qui rappellent celles d’antan. Il est vrai qu’aucun pays, à l’exception des États-Unis, ne nourrit plus le rêve de devenir ou redevenir une puissance autre que régionale, même si l’expansion commerciale de tel ou tel d’entre eux s’assigne des buts à vaste portée. C’est donc à l’intérieur d’une région limitée que se dirigeront les ambitions et non plus, comme jadis, sur d’autres continents alors labourés par d’interminables rivalités, par exemple entre la France et le Royaume-Uni.
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