Les changements importants qui viennent de se produire à Madagascar justifient un article. L'auteur, qui suit depuis plusieurs années l'évolution de cette terre de l'océan Indien, nous livre ici un point précis de la situation politique, intérieure et extérieure, ainsi que de la conjoncture économique de ce pays qui est entré dans une période de profondes mutations, heureuses pour les Malgaches, nous l'espérons vivement.
La IIIe République malgache
Madagascar vient de traverser une phase de grande détresse qui l’a plongée dans un état d’extrême pauvreté, voire de « clochardisation ». Une lueur d’espoir est cependant apparue au début des années 90 avec le sursaut politique de la population qui a conduit à la chute de la IIe République, incarnée par le président Ratsiraka, et à l’élection démocratique du président Albert Zafy, premier chef d’État de la IIIe République. Ce bouleversement, qui pourrait avoir des conséquences dépassant largement le cadre local, a modifié profondément les données économiques de la région et entraîné une évolution importante de la diplomatie étrangère de ce pays.
Le sursaut politique
Les « années de folie » de l’ancien président Ratsiraka qui voulait transformer la société malgache ont complètement ruiné la grande île (1). Après avoir été l’une des terres les plus prospères de cette zone de l’océan Indien, le pays est devenu, dès la fin des années 70, l’un des plus misérables de la planète. Cette situation désastreuse a occasionné, à la fin des années 80, une révision radicale des options politiques et économiques du régime de l’époque.
L’échec patent du système mis sur pied par Didier Ratsiraka et les nombreuses affaires de corruption ont alors engendré une contestation populaire à grande échelle. Au printemps 1991, les manifestations de masse dans les principales villes, en particulier dans la capitale, paralysent l’ensemble du territoire. Une grève générale est alors orchestrée par le Comité national des forces vives, organisme dirigé par d’éminentes personnalités de l’opposition (Albert Zafy, le pasteur Andriamanjato, le général Rakotoharison). Visiblement dépassé par les événements, le chef de l’État de l’époque est contraint d’organiser des consultations et de mettre en place deux institutions de transition chargées de préparer le rétablissement du pays : le Comité de redressement économique et social (Cres) et la Haute autorité de l’État (HAE) présidée par Albert Zafy. Les discussions débouchent sur un projet de nouvelle Constitution.
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