En novembre 1993, l'auteur, docteur en sciences politiques et spécialiste des questions proche-orientales et africaines, nous avait présenté la nouvelle institution destinée à prévenir et régler les conflits en Afrique. Plus d'un an après cette création, il fait le bilan des actions de ce mécanisme : ses appréciations, nuancées, l'engagent seul.
Le mécanisme de gestion des conflits en Afrique : bilan
S’adressant aux participants à la consultation du Caire sur l’OUA, mécanisme pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits, du 8 au 11 mai 1994, le ministre des Affaires étrangères égyptien se montrait optimiste face aux interrogations sur les possibilités de réussite d’un tel organisme. Pour lui, le fait que sa création intervienne après les différentes tentatives du continent de régler ses problèmes au cours des trente dernières années laissait espérer que, cette fois-ci, l’Afrique serait en mesure d’éviter les erreurs du passé. M. Amre Moussa soulignait aussi le fait que les pays africains étaient parvenus à un état de maturité et d’autoconfiance leur permettant de comprendre que les conflits africains nécessiteront des solutions émanant du continent et non pas de l’extérieur. De plus, il déclarait que les récents et profonds changements intervenus sur la scène internationale avaient modifié les priorités des États qui, dorénavant, se concentraient plus sur les problèmes économiques et sociaux, ce qui nécessitait un climat de paix et de stabilité. Enfin, le ministre égyptien rappelait que l’accueil favorable réservé à ce mécanisme par un grand nombre d’États et d’organisations, gouvernementales ou non gouvernementales, en dehors du continent, était un autre élément d’optimisme.
En effet, le règlement des conflits et la question de la paix, de la sécurité et de la stabilité ont constitué une des préoccupations majeures de l’Organisation de l’Unité africaine depuis sa création en 1963. À part la commission de médiation, de conciliation et d’arbitrage, prévue par la Charte de l’OUA et inactive depuis sa création, la Conférence des chefs d’État et de gouvernement ainsi que le Conseil des ministres ont eu souvent recours aux commissions ou comités ad hoc pour agir en cas de conflits. De plus, l’Organisation a bénéficié de la médiation individuelle ou collective des chefs d’État et des hommes politiques chevronnés, dont le prestige et le charisme personnels avaient une influence dans leurs interventions avec leurs pairs qui étaient des chefs d’État impliqués dans le différend en question.
En adoptant la déclaration du Caire, le 30 juin 1993, créant au sein de l’OUA un mécanisme pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits (1), les chefs d’État et de gouvernement africains ont affirmé leur « détermination à œuvrer de concert à la recherche d’une solution pacifique et rapide à tous les conflits sur le continent ». La création de ce mécanisme a été considérée comme « une occasion pour apporter un nouveau dynamisme institutionnel aux processus de gestion des conflits sur le continent permettant ainsi une action rapide pour prévenir, gérer et régler les conflits lorsqu’ils surviennent » (2).
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