Alors que beaucoup de pays africains s'enfoncent dans une crise profonde, deux États de l'Afrique australe présentent un bilan satisfaisant. La Namibie et le Botswana donnent ainsi, à leur manière, une réponse encourageante contre I'afro-pessimisme qui inquiète de plus en plus les observateurs politiques. C'est ce que nous démontre l'auteur dans cet article très bien documenté, où l'analyse des facteurs historiques, politiques et économiques permet d'avoir une vue complète des problèmes de cette zone stimulée par la « locomotive » sud-africaine.
Namibie, Botswana : deux réponses à l'afro-pessimisme
La plus grande partie du continent africain se trouve dans une situation délicate provoquée par des difficultés économiques de moins en moins maîtrisées, le poids d’une dette de plus en plus insupportable, la montée d’une démographie non contrôlée et de nombreuses contradictions internes. Ces dernières se traduisent souvent par des affrontements interethniques, voire de véritables guerres civiles qui ravagent des régions entières et conduisent à des catastrophes humanitaires (Angola, Somalie, Liberia, Soudan, Rwanda, Burundi…). Dans ce sombre tableau, certains pays, par une gestion habile de leurs ressources et la préservation de leur tissu social, font exception et offrent une lueur d’espoir. C’est le cas du Botswana, qui a accédé à un bon niveau de développement, et surtout de la Namibie qui, après une longue histoire perturbée, a obtenu son indépendance le jour même du printemps 1990 et réussi sa période de transition.
LA LONGUE MARCHE VERS LE PRINTEMPS NAMIBIEN
L’interminable conflit juridique
Le Sud-Ouest africain (ancien nom de la Namibie) a été une colonie allemande de 1884 à la fin de la Première Guerre mondiale. En 1917, l’Union sud-africaine (ancien nom de la république d’Afrique du Sud), qui avait choisi le camp des Alliés, pénètre dans le territoire avec les forces du général Smuts pour y chasser les troupes du IIe Reich. Deux ans après la défaite allemande, Pretoria reçoit un mandat de la Société des Nations (SDN) pour administrer la région.
Au lendemain du premier conflit mondial, la SDN, qui s’était proclamée « héritière des empires », avait en effet instauré un régime de mandats destiné à confier aux vainqueurs de la Grande Guerre l’administration des anciennes colonies allemandes. L’Union sud-africaine avait ainsi reçu des pouvoirs étendus sur le Sud-Ouest africain. À aucun moment, l’indépendance de ce territoire de l’Afrique australe n’avait été envisagée. L’Onu, qui succède à la SDN après la Seconde Guerre mondiale, fait éclater le conflit juridique. La Charte de San Francisco ne contient, en effet, aucune disposition précise sur le système des mandats. En revanche, elle établit dans son chapitre 12 un régime international de tutelle pour « l’administration et la surveillance des territoires qui peuvent être placés sous ce régime en vertu d’accords particuliers ». L’interprétation de ce texte donne naissance à l’affaire du Sud-Ouest africain, alimentée par le refus persistant de Pretoria de lâcher son emprise sur cette riche contrée.
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