Politique et diplomatie - Défense, sécurité et société civile
Le XXe siècle sera-t-il un jour considéré comme l’époque classique de la défense nationale ? Avant lui, un acheminement vers des formes et des concepts qui ne tardent pas à être solidement établis, mais peu à peu menacés, comme toute œuvre humaine, de devenir académiques ; après lui, une rénovation créatrice ouvrant vers une diversité et une adaptation dictées par l’état du monde. Nous sommes à la fin de ce siècle.
À beaucoup d’égards, l’époque qui se termine apparaîtra comme l’âge d’or des relations entre société civile et société militaire, autrement dit entre un peuple et son armée. Personne n’oublie que la caserne, plus encore que l’école, fut le creuset de la nation républicaine. Pour beaucoup de conscrits issus des classes favorisées, c’était, dans toute une vie, le seul lieu de rencontre avec des jeunes d’autres provenances. Mise à profit, cette expérience pouvait, au long de l’existence, se révéler d’un prix inestimable en maintes circonstances. Outre qu’elle provoquait ainsi un brassage de population, l’organisation de la défense mettait en relief le projet de société que constituait l’exaltation de valeurs communes. Certes, passé le moment des grandes émotions nées de la communauté des périls et de la joie des victoires, ces sentiments pouvaient s’estomper, mais, même à traits légers, ils restaient gravés au fond des esprits et des cœurs en marquant encore davantage l’unité de la nation.
Les temps ont changé, c’est-à-dire les hommes, les sociétés, les crises, les conflits : moins de sentiment et plus de conscience d’intérêts précis, moins de spéculations à long terme et plus de recherche de solution immédiate, moins de stabilité et plus de souplesse. Subsiste cependant intacte la nécessité de veiller à la sauvegarde du pays devant des périls extérieurs : problème complexe dans ces temps nouveaux, si bien qu’il n’est pas inutile que chacun, civil ou militaire, contribue, au risque de heurter des habitudes de pensée, à un nécessaire effort d’imagination.
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