Le porte-avions nucléaire
Pendant la Première Guerre mondiale, les habitants de Londres subissaient les bombardements des dirigeables allemands basés à Cuxhaven. Les zeppelins arrivaient de nuit, sans être détectés, pour lâcher leurs bombes meurtrières. La seule action possible pour les empêcher de nuire était de détruire les hangars de stationnement afin de surprendre les oiseaux au nid. Comme les avions ne possédaient pas encore le rayon d’action suffisant, les Britanniques, pragmatiques, s’inspirant d’expérimentations américaines, imaginèrent de projeter leur puissance aérienne au moyen d’un navire spécialement aménagé, le Furious, d’où les avions s’envolèrent pour remplir leur mission. C’est ainsi que naquit le porte-avions.
Au fil des années, les progrès, les guerres, et les opérations baptisées de temps de crise renforcèrent chez les uns l’intérêt de ce type d’unité et aiguisèrent les critiques des autres. Entre les deux guerres mondiales, le mythe de l’avion invulnérable au sein des escadres aériennes lui fut opposé par le général italien Douhet. Une guerre plus tard, l’arrivée du premier sous-marin à propulsion nucléaire, le Nautilus, fit craindre pour la vulnérabilité des bâtiments de surface. Le père de la bombe H américaine, Edward Teller, pensait que le porte-avions offrait une bonne cible pour ses créations, et plus récemment le général Gallois écrivait que son utilité est une illusion puisque la technologie permet d’envoyer des missiles à plusieurs centaines de kilomètres avec une précision de quelques mètres. Le concept de porte-avions a donc bien résisté à tous les progrès de l’armement.
Depuis la Seconde Guerre mondiale, si le nombre de porte-avions a suivi la décroissance générale du volume de bâtiments de combat, celui des pays qui s’en sont dotés s’est accru d’un quart. Les puissances naissantes bordant les océans Indien et Pacifique ainsi que les riverains de la Méditerranée en sont les principaux bénéficiaires.
Il reste 88 % de l'article à lire
Plan de l'article








