« Un projet d'entreprise » pour les armées ?
Lorsqu’on réfléchit à l’avenir de la défense et des forces armées, on se heurte d’emblée — du moins en apparence — à toute une série de difficultés qu’il semble peu aisé d’éviter. La première, qui d’ailleurs ne saurait être réellement qualifiée de difficulté, est que, depuis la chute du communisme, et pour la première fois depuis très longtemps, notre pays n’a plus d’ennemi, et il en est de même des autres pays européens. Les affaires de sécurité connaissent une sorte d’été indien et si, sur le court terme, nous avons quand même à contribuer à rétablir ou à maintenir l’ordre en ex-Yougoslavie ou dans certaines régions de l’Afrique, nous sommes peu capables de dire de quoi sera fait le long terme. Il n’y a plus de « prochaine guerre à préparer », ce qui sans doute est heureux ; mais alors, que préparer ?
Une seconde difficulté tient à la réduction des budgets de défense, qui s’explique à la fois par la crise économique et par le souci, somme toute légitime, d’empocher les « fameux dividendes de la paix ». Ces réductions financières tendent à avoir un effet analogue à ce qu’on observe dans le monde des entreprises : lorsque l’argent manque, on se consacre en priorité aux problèmes du court terme, et la réflexion sur le futur, les investissements pour l’avenir, passent inéluctablement au second plan.
Une troisième difficulté, d’un ordre différent, vient de l’évolution technologique, et plus précisément de sa rapidité. On a intuitivement conscience que, dans vingt ans, l’environnement dans lequel évoluera le monde, et dans lequel aura à s’exercer l’effort de défense, sera sensiblement différent de ce que nous connaissons aujourd’hui, et qu’il faudra donc en tenir compte. Que sera cet environnement ? De quelle manière en tenir compte ? Voilà des questions auxquelles il n’est pas aisé de répondre.
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