Le déplacement que le président de la République a effectué dans les pays du Mercosur ⁽¹⁾ en mars 1997 était placé sous le signe du retour de la France dans un continent délaissé par elle durant trop d’années. Le président Chirac affirmait que « trop longtemps, nous avons laissé dépérir notre exceptionnel capital de sympathie. L’avenir de l’Amérique latine n’est pas dans l’axe Nord-Sud. Il est avec l’Europe pour des raisons qui tiennent à l’histoire et à la culture, à l’adhésion aux mêmes valeurs, au même type d’humanisme, mais aussi aux mêmes complémentarités économiques ».

L’objectif premier de ce voyage officiel a consisté à renouer un dialogue avec une Amérique latine qui a retrouvé la voie de la croissance économique, favorisant ainsi l’ancrage de la démocratie. Il s’agissait également de faire participer la France à l’expansion d’un continent où son image est restée favorable. « Renouer les fils d’une proximité culturelle, développer un vrai dialogue politique dans la durée y sont aussi importants que d’encourager nos groupes à participer pleinement à l’essor d’un continent transformé par la démocratie et par les réformes économiques », affirmait le président Jacques Chirac en 1996.

Le fait d’engager le dialogue avec « le continent oublié » en commençant par les pays du Mercosur, première force économique en Amérique latine, était un symbole très important : il s’agissait de marquer une totale confiance dans la capacité du continent latino-américain d’exister sur la scène internationale. La France a voulu rappeler qu’un lien existe entre une intégration régionale harmonieuse, dont le meilleur exemple reste le Mercosur, et la démocratie qui est aujourd’hui un fait indéniable en Amérique latine ⁽²⁾. C’est pourquoi le message économique est désormais doublé d’un contenu politique, le premier étant indissociablement lié au second. C’est d’ailleurs le fondement même de la diplomatie économique prônée par le président Chirac depuis son élection en mai 1995.