Les convulsions boursières qui viennent d'ébranler la planète ont mis en évidence des situations de panique. Ces vents d'épouvante sont souvent entretenus par des « faiseurs d'opinion » qui se délectent dans la recherche du sensationnel pour mieux satisfaire des objectifs à caractère commercial. Dans cette dynamique infernale, il faut ajouter le phénomène d'intoxication qui agit sur les consciences collectives. Notre univers est ainsi régi par des lois irrationnelles qui altèrent la perception réelle des évènements et certaines données de la géopolitique. C'est ce que nous démontre l'auteur dans cet article sur les coulisses de ce monde illogique.
Panique, intoxication et… géopolitique
Le développement extraordinaire des moyens de communication et l’instauration du phénomène de mondialisation ont radicalement modifié les rapports entre les États et la nature des crises. Les derniers remous financiers qui ont affaibli de nombreux pays ont ainsi pris une dimension planétaire. Les turbulences ont été amplifiées par un souffle de panique qui a été provoqué par les comptes rendus excessifs des commentateurs et les comportements désordonnés des spéculateurs.
La fébrilité des spéculateurs
L’onde de choc monétaire
La tourmente financière s’est développée en trois étapes. La première phase est celle de l’euphorie. Pendant plus d’une décennie, les tigres asiatiques sont galvanisés par des économies à très forte croissance. C’est au cours de cette période faste que sont semés les germes de la crise : afflux mal contrôlé, voire anarchique, de capitaux étrangers, maintien d’une parité artificielle entre le dollar et certaines devises surévaluées, prises de risques excessives par les banques, crédit trop facile, etc. La montée des périls s’effectue alors dans cette Asie des miracles. La hausse du dollar, auquel les monnaies sont liées, dégrade la compétitivité tandis que les taux d’intérêt attirent des fonds spéculatifs qui font gonfler la bulle boursière. Dans le même temps, les investisseurs qui peuvent emprunter des capitaux étrangers à très bon marché se lancent dans l’immobilier : Bangkok, Djakarta, Manille et Kuala Lumpur deviennent ainsi les théâtres de tous les excès. Résultat : la demande restant nettement inférieure à l’offre, les taux de bâtiments inoccupés atteignent des valeurs dramatiques (plus de 30 % !). Incapables de rembourser leurs dettes, les investisseurs imprudents sont acculés à la faillite et précipitent l’effondrement des systèmes financiers en Asie.
La crise éclate au cours de l’été 1997 en Thaïlande. Le décrochage du baht est suivi par une onde de choc monétaire et boursière dans toute l’Asie du Sud-Est (sauf en Chine populaire). La panique s’empare des spéculateurs : s’ensuit un cycle infernal de déplacements de capitaux qui déstabilisent encore plus les grandes places financières. Cette deuxième étape est marquée par une série d’événements majeurs : forte baisse des devises philippine, malaisienne et indonésienne (août 1997), décrochage du won sud-coréen et krach boursier à Séoul (octobre), chute de la Bourse de Tokyo (décembre). Le typhon asiatique gagne alors la Russie et l’Amérique du Sud en 1998. Au cours de cette troisième phase, celle de la propagation de la crise, on assiste à des effondrements impressionnants des Bourses de Moscou, São Paulo et Buenos Aires. En septembre, toutes les places financières sont secouées et le FMI révise à la baisse ses prévisions de croissance pour 1998 et 1999.
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