La France et l'Otan : 1966-2009 (mai 2009)
À 43 ans de distance (1966-2009), les enquêtes réalisées par l’Ifop auprès des Français révèlent une certaine constance dans leur vison de la place de la France dans l’Alliance atlantique. Et contrairement aux idées reçues, cette vision est loin du dogme d’un consensus gaulliste qui a dominé la politique étrangère de la France ces cinquante dernières années.
Marquant un tournant dans la politique étrangère de la France, le retour annoncé au sein du commandement intégré de l’Otan a suscité un vif débat dans la classe politique, de nombreuses voix — à gauche comme à droite — s’étant élevées pour dénoncer la fin de l’indépendance française et un alignement sur les États-Unis, les députés communistes ayant été jusqu’à demander l’organisation d’un référendum sur le sujet. C’est dans ce contexte que l’Ifop a souhaité mesurer pour le compte de Paris-Match l’opinion des Français sur la question.
Des Français favorables à une rupture avec le « dogme gaulliste » Or, les résultats de cette enquête battent en brèche l’idée selon laquelle il y aurait un consensus chez les Français autour de la position de retrait de l’Alliance adoptée depuis quarante ans : le retour de la France dans son commandement intégré y est en effet approuvé par une majorité de Français (58 %) (1). Sachant que l’opinion française approuve moins l’engagement de la France aux côtés de l’Otan aujourd’hui — 45 % approuvaient l’envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan en avril 2008 — qu’hier (2), cette attitude positive à l’égard de l’Otan peut paraître surprenante. De manière plus générale, la vive opposition des Français à l’intervention des troupes américaines en Irak en 2003 et la très forte hostilité suscitée par l’action de l’Administration Bush ces dernières années n’étaient pas de nature à laisser penser que l’opinion française était ouverte à une intégration complète dans une structure sous tutelle américaine. Or, interrogés les 5 et 6 mars 2009 sur le sujet, à peine deux Français sur cinq (37 %) s’y opposent, le reste ne se prononçant pas sur la question (5 %).
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