Les troisièmes entretiens économiques de Bruxelles des 2 et 3 mai 2002 ont révélé l'important travail, souvent insoupçonné, de la Commission européenne dans trois domaines. D'une part, et bien qu'elle comporte des indices encourageants de reprise, la situation économique de l'Europe accuse par rapport à celle des États-Unis un retard sensible. Pour le combler, il y a lieu de renforcer la coopération économique et financière engagée afin de « faire de l'Europe en 2010 l'économie la plus compétitive, capable de croissance soutenue, avec davantage et de meilleurs emplois, et une plus grande cohésion sociale ». Enfin, parallèlement, l'Europe, pour réussir son élargissement programmé à brève échéance, doit continuer à prendre les mesures nécessaires à la mise à niveau des économies des États candidats.
Où en est la construction économique et financière de l'Europe ?
L’Europe — que ce soit celle de l’euro, à Douze, l’Union européenne à Quinze, ou l’Europe élargie pouvant aller jusqu’à vingt-huit États — a fait figure d’Arlésienne dans la récente campagne présidentielle. Il en a été peu — trop peu — question dans les programmes des candidats, si ce n’est dans celui de Jean-Marie Le Pen qui ne la mentionnait que pour en sortir. Elle n’en mérite pas moins une grande attention. Car, bien qu’encore adolescente, en raison de son jeune âge à l’aune de l’histoire, elle se trouve aujourd’hui confrontée à un double défi. Il lui faut achever sa croissance, c’est-à-dire ses mutations, et ce, dans des délais d’autant plus courts, et donc difficiles à tenir, qu’elle s’est par ailleurs engagée à accepter en son sein de nouveaux pays. Cela pose nombre de problèmes, d’une actualité brûlante, mais trop peu connus en France par suite, semble-t-il, du faible intérêt qu’on y porte. Ils ont fait l’objet, à la Commission européenne, les 2 et 3 mai derniers, de forts intéressants débats dans le cadre des entretiens économiques de Bruxelles, qui s’y tenaient pour la troisième année consécutive, et que d’aucuns assimilent à un Davos bis en raison de leur notoriété déjà grande.
Au nombre des sujets abordés, il en est trois d’importance qui méritent d’être évoqués. Ils concernent la situation économique de l’Union européenne, la nécessité pour elle de coordonner davantage sa politique économique, et son élargissement.
La situation économique de l’Europe
Tout comme les États-Unis, auxquels elle est, au stade actuel de sa construction, économiquement comparable, l’Europe a vu, par suite de la crise américaine, son taux de croissance baisser, de 3,4 % en 2000 à 1,6 % en 2001. La zone euro a été davantage touchée qu’elle ne l’avait été deux décennies plus tôt en raison de sa plus grande ouverture commerciale sur le monde. Fort heureusement, depuis le début de l’année 2002, les indicateurs économiques sont, de part et d’autre de l’Atlantique, à la hausse, indiquant une reconstitution des stocks, un desserrement monétaire, une reprise de confiance ainsi qu’une réactivation du commerce mondial. Ces prévisions des économistes doivent être cependant prises avec d’autant plus de prudence, que, d’une part, toute opinion par trop unanimement partagée, aussi optimiste soit-elle, ne peut, par expérience, que susciter quelques doutes, et que, d’autre part, il existe bien des incertitudes. Les principales concernent la vigueur et la profondeur réelles de la reprise américaine, et l’évolution du prix du baril. S’y ajoutent les éventuelles conséquences de la faiblesse persistante de l’économie japonaise, voire de la crise argentine, ainsi que les risques inhérents à la situation au Proche-Orient.
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