CESM - La mer de Chine méridionale : sanctuaire pour les SNLE chinois ?
La mer de Chine méridionale est l’une des zones maritimes les plus disputées au monde. Les divers îlots et archipels, dispersés sur cette étendue d’eau de 3 500 000 km² sont revendiqués par sept pays (Brunei, Indonésie, Malaisie, Philippines, Vietnam, Taiwan et la Chine). Toutefois, seule la Chine revendique l’ensemble de ces terres et les zones économiques exclusives associées. Ainsi, les cartes présentant les ambitions de cette dernière placent sous sa domination la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale (1).
Traditionnellement, trois explications justifient ces revendications hégémoniques. D’abord, la Chine fait valoir des droits historiques en s’appuyant sur des recherches archéologiques prétendant une présence séculaire sur ces îles. Par ailleurs, cette zone maritime, supposée riche en hydrocarbures, intéresse la Chine dont le développement économique en fait le deuxième consommateur de pétrole au monde. Disposer de ces sous-sols marins diminuerait sa dépendance aux importations. Enfin, les voies de communication maritimes en mer de Chine méridionale sont vitales pour l’économie asiatique, et plus largement pour le commerce entre l’océan Pacifique et l’océan Indien. Ainsi, contrôler ces axes commerciaux permet à la Chine de se garantir un accès à la haute mer et de disposer de moyens de pression sur les États ayant des intérêts économiques dans la région.
Cependant, une nouvelle hypothèse établit un lien entre ces revendications et la volonté chinoise de disposer d’une dissuasion océanique. En 2006, Pékin diffuse une photographie présentant le dernier sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE), le 094 Jin. Or, peu de temps après cette publication, deux 094 Jin furent aperçus dans une nouvelle base navale, à Sanya, au sud de l’île de Hainan, en mer de Chine du Sud. Ainsi les revendications de Pékin sur la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale pourraient aussi s’expliquer par une volonté de « sanctuariser » une zone de patrouille pour protéger ses SNLE.
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