Afrique - Kadhafi et son projet d'union africaine
En juin 1998, l’Organisation de l’unité africaine, lors du sommet de Ouagadougou, décidait de lever partiellement et unilatéralement l’embargo aérien instauré par l’Onu contre la Libye. Plusieurs chefs d’État africains se rendaient officiellement à Tripoli pour bien confirmer le soutien de l’Afrique à ce pays. L’ex-président sud-africain Nelson Mandela s’engageait, lui, personnellement, dans les négociations complexes pour trouver une solution aux suites judiciaires de l’attentat de Lockerbie contre un avion de la Panam en 1988, où plusieurs ressortissants libyens avaient été mis en cause.
En avril 1999, après la livraison de deux suspects libyens, transférés aux Pays-Bas pour y être jugés, l’Onu suspend les sanctions internationales décidées en 1992 contre Tripoli. La Libye réussissait enfin à sortir d’une longue période d’isolement et de mise au ban de la communauté internationale, qui avait été déclenchée en 1986 par les bombardements américains sur Tripoli et Benghazi, puis par les sanctions et embargos décidés par Washington, et, après les attentats contre les avions de la Panam en 1988 et d’UTA en 1989, par les Nations unies et l’Union européenne.
La Libye de Mouamar Kadhafi, fortement marquée par sa politique de soutien dans les années 70 à d’innombrables mouvements d’opposition armée, à des organisations impliquées dans des actions terroristes, aux pays les plus radicaux opposés au processus de paix au Proche-Orient, par ses opérations contre le Tchad et ses actions de déstabilisation dans de nombreux pays du continent africain, réussissait en cette fin des années 90, avec une grande habileté et cet appui notable des Africains, à organiser son retour sur la scène internationale. Il effaçait même en partie les souvenirs de ses nombreux et flagrants échecs, et montrait désormais un régime bien moins menaçant, qui, au Nord comme au Sud, ne faisait plus peur. Pendant ces années d’isolement, la Libye, de fait, a beaucoup réduit, voire supprimé, ses soutiens actifs aux régimes radicaux, aux organisations politiques ou armées, réduit aussi ses dépenses d’armement depuis la fin de son engagement militaire au Tchad (et ses lourdes défaites de 1986 et 1987) et le règlement du conflit territorial de la bande d’Aouzou par la Cour internationale de justice de La Haye.
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