Asie - Taïwan : le retour du Kuomintang
Après une dizaine d’années de déclin, de scrutin en scrutin, le parti nationaliste, le Kuomintang (KMT) a connu un redressement spectaculaire lors des élections législatives (IVe Yuan législatif) et aux élections municipales de Taipei du 5 décembre 1998. La crainte de tensions avec Pékin, en cas de victoire du parti indépendantiste, le Parti démocratique progressiste (PDP), et la « taiwanisation » du KMT sont les principales raisons de cette victoire. La course pour l’élection présidentielle de l’an 2000 reste cependant ouverte.
C’est la première fois, en douze ans d’existence, que le PDP ne progresse pas. Certes, il est passé de 54 à 70 députés, mais cela tient à l’augmentation du nombre de députés au Yuan législatif, porté à 225 au lieu de 164, dont 176 élus directement et 49 à la proportionnelle. En fait, son électorat est passé de 33 % en 1995 à 29,56 % en décembre 1998. Plusieurs raisons sont avancées pour expliquer ce recul. La première est que — les sondages le confirment — les Taiwanais préfèrent largement une politique de statu quo avec Pékin. Connaissant maintenant la démocratie et la prospérité, ils ne sont pas enclins à la réunification. Ils savent aussi qu’une déclaration d’indépendance entraînerait inéluctablement un conflit armé avec la république populaire. Une victoire du PDP risquait fort de provoquer une poussée de fièvre dans le détroit. Dans les relations avec Pékin, ils font confiance au président Lee Teng-hui, Taiwanais de souche, pour maintenir cette situation d’indépendance non déclarée. L’île a merveilleusement résisté à la crise asiatique qui dure. Ce n’est donc pas le moment de changer l’actuelle équipe de direction, qui a fait preuve d’une bonne gestion, pour une autre aux méthodes incertaines et qui, même sans le vouloir, par sa simple existence, aurait pour conséquence une sérieuse détérioration des intérêts économiques des Taiwanais en Chine continentale. Une autre raison de l’échec du PDP est d’ordre tactique. Le parti a dépensé toute son énergie dans la bataille de Taipei, dont le maire sortant fait depuis longtemps figure de meilleur candidat pour défendre ses couleurs à la prochaine élection présidentielle. En conséquence, les autres circonscriptions ont été parfois négligées.
S’ils ont pu se réjouir, et même se féliciter publiquement du coup de frein porté à la progression du PDP, les dirigeants de Pékin se sont abstenus de tout commentaire sur l’effondrement du Nouveau Parti. Ce dernier, formé en 1993 par des dissidents du KMT représentant la vieille garde continentale, inquiète elle aussi de l’abandon de l’idée de réunification par Lee Teng-hui, est le parti le plus favorable aux objectifs de Pékin. C’est en espérant soutenir son candidat, Lin Yang-kang, à l’élection présidentielle de mai 1996, que la Chine communiste avait lancé sa violente campagne verbale et d’intimidation militaire contre Lee Teng-hui. Le Nouveau Parti, dont l’actuel secrétaire général est Wang Chien-shien, était passé de 7 à 21 députés aux élections de décembre 1995 avec 14 % des voix. En décembre 1998, il n’a obtenu que 7,06 % des voix et sa présence au Parlement est maintenant réduite à 11 représentants. Dans l’autre direction, un sort encore plus sévère a été réservé au Parti pour l’indépendance de Taiwan et à la Nouvelle Alliance de la Nation, deux mouvements indépendantistes formés par des dissidents du PDP qui, à leurs yeux, ne militent pas assez sous cette couleur. Ils n’ont obtenu chacun qu’un seul député, avec respectivement 1,45 % et 1,57 % des votes pour un total de 44 candidats.
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