S’appuyant sur les évolutions géostratégiques des dernières années, la France conduit aujourd’hui une adaptation profonde de son système de défense. Dans le nouveau contexte de menaces et de risques protéiformes, les forces classiques auront un rôle prépondérant à jouer. Leurs actions s’inscriront souvent dans un cadre de sécurité internationale et elles devront pouvoir intervenir directement sur le théâtre de la menace, de la crise, voire du conflit. « La projection de forces est le champ prioritaire de nos forces classiques » : ces mots du président de la République, en février 1996, esquissent le nouveau concept d’emploi des forces armées. Celui-ci associe étroitement forces classiques et projection, et impose une profonde évolution des armées tant chez les hommes que dans les équipements.

La projection nécessite une profonde cohérence : les unités qui devront intervenir seront disponibles pour des engagements en tous lieux, car professionnelles et bien équipées, parce que l’action se conçoit dans un cadre international impliquant l’efficacité, la démonstrativité et l’interopérabilité. Les forces devront pouvoir prendre position et intervenir dans le théâtre d’opérations avec des moyens adaptés, de plus en plus perfectionnés et volumineux. Dans l’évolution du système de défense de la France, aux côtés des autres moyens modernes dont se dotent les armées, l’avion de transport futur, l’ATF, trouve ainsi toute sa justification : il est le vecteur aérien de projection de forces permettant la mise en place des unités et de leurs matériels, aujourd’hui indispensables, dans le théâtre d’opérations. L’ATF assure, en quelque sorte, la cohérence opérationnelle entre le plan d’équipement des armées et leur cadre d’emploi.

Les caractéristiques de l’ATF

Indispensable pour la mise en œuvre de la panoplie d’équipements des forces, l’ATF apparaît naturellement dans le modèle d’armée planifié pour 2015 : « cinquante avions de transport modernes de type ATF » permettront alors la projection aérienne. Ils devront être aptes à assurer, avant tout engagement des forces, leur mise en place dans le théâtre. Cette fonction logistique revêt, dans le nouveau contexte mondial, un caractère stratégique et, quel que soit le cadre d’engagement, elle doit pouvoir être effectuée en toute indépendance et en toute liberté de décision. Dans un deuxième temps, l’avion futur devra pouvoir participer à la manœuvre tactique : ses qualités particulières lui permettront l’engagement direct aux côtés des forces et à leur profit.