À peine quatre jours après avoir paradé en grand uniforme couvert de décorations, Sergueï Choïgou, 68 ans, inamovible ministre de la Défense depuis 2012, a été limogé tout en bénéficiant d’un lot de consolation en prenant le secrétariat du Conseil de sécurité en remplacement de Nikolaï Patrouchev.

Le nouveau ministre de la Défense, Andrei Belousov, 65 ans, est un économiste de formation, il a travaillé dans ce domaine depuis des décennies. Né à Moscou, il n’a pas de carrière militaire même si les organes de propagande du Kremlin aiment à citer qu’il apprécie les sports de combat, dont le karaté, à l’instar de Vladimir Poutine. Est-ce, cependant, une qualité suffisante pour remplacer Sergueï Choïgou, dont l’opération spéciale militaire destinée à remettre l’Ukraine dans l’orbite russe est quand même un grand fiasco depuis plus de deux ans d’une guerre de haute intensité ?

À défaut de connaître toutes les discussions et tensions qui règnent au Kremlin, la rapidité du changement du titulaire du poste juste après le début du nouveau mandat de Vladimir Poutine traduit cependant sa volonté d’accroître l’effort de guerre et de transformer la Russie en un gigantesque arsenal donnant la priorité à la production d’armements, d’où le choix du recours à un économiste confirmé et expérimenté, sachant que le budget de la défense représente aujourd’hui 6,7 % du PIB russe. C’est aussi la signification que le Kremlin s’inscrit dans le temps long de la guerre, s’appuyant sur sa profondeur stratégique, son réservoir humain, ses relations économiques avec l’Asie, dont la Chine et la Corée du Nord, en attendant les élections américaines de novembre.

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