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  • Cinéma & séries — Cœurs noirs, entre fiction et réalisme, une série d’action vitrine des forces spéciales françaises (T 1719)

Cinéma & séries — Cœurs noirs, entre fiction et réalisme, une série d’action vitrine des forces spéciales françaises (T 1719)

Johann Lempereur, « Cinéma & séries — Cœurs noirs, entre fiction et réalisme, une série d’action vitrine des forces spéciales françaises (T 1719)  », RDN, 05 juin 2025 - 7 pages

© Amazon Prime Video / France Télévisions
© Amazon Prime Video / France Télévisions

[SPOILERS] Dans sa nouvelle chronique Cinéma & séries, Johann Lempereur analyse la tant attendue saison 2 de la série française Cœurs noirs, diffusée le 9 mai sur la plateforme de streaming Prime Video (Amazon). Entre réalisme et fiction, les téléspacteurs ont pu assister à un spectacle efficace et haletant, démontrant que la production française peut aisément concurencer, comme le Bureau des légendes en 2015, les productions américaines du même genre.

Cinema & Series —Dark Hearts, between fiction and realism, an action series showcasing French special forces

[SPOILERS] In his new Cinema & Series column, Johann Lempereur analyzes the long-awaited season 2 of the French series Dark Hearts, broadcast on May 9 on the streaming platform Prime Video (Amazon). Between realism and fiction, viewers were able to witness an effective and breathtaking show, demonstrating that French production can easily compete, like The Bureau in 2015, with American productions of the same genre.

La première saison de Cœurs Noirs (2023) avait été un gros succès commercial lors de sa sortie sur la plateforme de streaming d’Amazon Prime Video ainsi qu’un vent de fraîcheur sur le cinéma français (1) ; les attentes étaient donc grandes pour cette saison 2. Annoncée dès juin 2023, la suite de la série est officiellement sortie le 9 mai dernier sur la plateforme en ligne. Réalisée par Frédéric Jardin (Engrenages), elle se déroule dans la suite directe des événements de la première saison. Mélange de scènes d’action, de suspenses et d’infiltrations, ce cocktail explosif a de quoi tenir le téléspectateur en haleine pendant ses six épisodes.

Le fil rouge de cette seconde saison tourne autour de la libération de Sab (Nina Meurisse), sniper capturée par le terroriste de Daech Zaïd (Moussa Maaski) lors de la saison précédente. Le groupe 45 accueille une nouvelle recrue, Kevlar (Louis Séguier), un médecin spécialiste cynophile accompagné de son chien Tyson (interprété par trois chiens du GIGN : Nitro, Nitrate et Polonium). Si les protagonistes restent les mêmes et poursuivent leurs intrigues, l’arrivée de nouveaux personnages va en revanche apporter des sujets inédits, permettant à la seconde saison de s’inscrire dans la continuité de la précédente tout en se renouvelant.

L’importance du réalisme

Plongés en plein cœur de l’opération Chammal en Irak, les spectateurs peuvent découvrir grâce à la série la réalité de la vie des militaires de la coalition ainsi que celle des civils vivant sous l’autorité de Daech. En effet, la série présente des tranches de vie, que ce soit dans le camp militaire, au quartier général de l’Amniyat ou encore de la vie de Soraya (Déa Liane), une femme vivant sous l’autorité de Daech. La série profite de ce personnage pour aborder le profond le sexisme de la société islamique. En montrant son quotidien anxiogène, la série continue de sensibiliser sur la place des femmes au sein de l’organisation terroriste, comme déjà évoqué dans la première saison. Réduite au rôle de femme de maison contre sa volonté, elle est contrainte de servir à manger à ses frères. En tant que femme, elle n’est que ça, essentialisée à son sexe, alors même qu’elle a suivi une formation de médecine. Son chef ne lui fait d’ailleurs pas confiance dans l’ambulance pour maintenir en vie son otage. Le terroriste Abu Omar el Belgiki (Bilal el Atreby), lui aussi, ne voit en elle que son sexe, en témoigne sa proposition de mariage alors même qu’il est déjà marié (la polygamie étant autorisée par Daech). Ironie du sort, c’est en retournant les coutumes sexistes de Daech que Soraya parvient à aider les Français. La série renouvelle ainsi son message féministe, déjà fort lors de la première saison (2).

Outre la place des femmes dans cette société fondamentaliste et radicale, l’emprise morale qu’elle a sur l’esprit des hommes est aussi représentée. Plusieurs fois, la saison 2 met en avant l’impact psychologique et l’endoctrinement de l’organisation sur les hommes. Soraya décrit ses frères ainsi : « On a eu les mêmes parents, la même éducation. Mais eux, Daech leur a détruit le cerveau. » Le petit-fils de Zaïd est lui aussi visiblement déjà bien endoctriné, puisqu’il refuse de rentrer en France afin de rester se « battre contre les kouffars [mécréants] ». De même, un médecin togolais s’étant engagé volontairement dans l’État islamique et s’étant retourné auprès des Français dans l’espoir d’être exfiltré, témoigne de son regret d’avoir rejoint Daech. Il affirme ne pas avoir compris que l’organisation était violente – ce à quoi l’officier de renseignement Adèle (Marie Dompnier) lui répond, non sans ironie, que leurs vidéos de propagande sont d’une extrême violence –, et qu’« une fois que vous entrez dans Daech, vous ne pouvez plus en sortir ». Par ailleurs, le terroriste Mokhtar Masry (Radouan Leflahi) filme une vidéo de propagande où lui et ses hommes exécutent leurs prisonniers, habillés de la tristement célèbre tunique orange de Guantanamo, récupérée par l’organisation pour ses vidéos de propagande (3).

La vie en caserne est elle aussi fidèle à la réalité. Afin d’atteindre un certain niveau de réalisme, toute l’équipe de tournage (comédiens, production, réalisation) a été emmenée par la Mission cinéma et industries créatives (MCIC) du ministère des Armées auprès des commandos marine de Lanester, près de Lorient. Là, elle a appris les rudiments du quotidien des forces spéciales auprès du contre-amiral Pierre de Briançon, commandant de la Force maritime des fusiliers marins et commandos (Forfusco), pendant toute une semaine (4). Dans la série, le groupe 45 est une unité d’élite issue du 1er Régiment de parachutistes d’infanterie de marine (1er RPIMa) et rattachée au Commandement des opérations spéciales (COS). Aussi, si le « groupe 45 » n’existe pas en lui-même et qu’aucun groupe ne semble s’y apparenter, il est en réalité un agglomérat d’unités existant au sein du 1er RPIMa (5). Le régiment est composé de 6 compagnies Sticks d’action spéciale (SAS) et constitué de 10 commandos, chaque détachement étant expert en son domaine (6). En revanche, dans la série, le groupe 45 est une unité à tout faire, mêlant à la fois des compétences en infiltration, en reconnaissance et en combat ainsi qu’une expertise en zone montagneuse tout autant qu’en zone urbaine. Cette petite entorse à la réalité va néanmoins servir au côté « divertissement » de la série en lui permettant de proposer au téléspectateur des moments de combat haletants comme des moments d’infiltrations intenses.

Plongée dans le monde du renseignement

L’arrivée de Pierre (Patrick Mille), un agent de la Direction générale du renseignement extérieur (DGSE), va être perçue comme une perturbation dans l’équilibre du groupe. Avec lui, il amène la rivalité entre les bureaux, en l’occurrence entre le COS et la DGSE, que l’on voit négocier à chaque étape de la mission. Présentée par le biais de Pierre comme arrogante, antipathique et suffisante, la DGSE semble presque embêter les forces spéciales dans sa mission de sauvetage. Principal organe du renseignement extérieur, elle fait partie des six agences de renseignement français, la Direction du renseignement militaire (DRM) étant celle des forces militaires. De plus, elle possède une branche pouvant mener des manœuvres armées, le Service action. Tout cela explique les rivalités qui peuvent émerger avec le COS quant à la souveraineté de la mission, la DGSE et le COS pouvant agir en toute autonomie mais possédant chacun des informations capitales. Le cloisonnement, le « droit d’en connaître » et la guerre de chapelle créent des rivalités entre agences. En 2016, Edward Snowden avait d’ailleurs dévoilé au grand jour cette rivalité entre la DGSE et la DGSI, rivalité qui les avait poussés à préférer coopérer avec les Américains et les Anglais plutôt qu’entre eux (7)…

Le groupe 45 possède déjà en son sein un membre chargé du renseignement en la personne d’Adèle, la « J2 », vraisemblablement issue de la DRM et rattachée au Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO). Selon la nomenclature de l’Otan – et par extension de ses pays membres –, on désigne par « J » une fonction d’état-major issu des forces interarmées (typiquement les forces spéciales). Ce « J » fait référence à « Joint Operation ». Dans le cas d’une fonction d’état-major issue de l’Armée de l’air (AAE), la lettre associée est le « A », « B » si c’est l’Armée de terre (AdT) ou encore « N » pour la Marine nationale. Aussi, le numéro attaché à cette lettre va correspondre à une des fonctions associées à l’état-major, à savoir « 2 » pour le renseignement. À titre d’exemple, « 1 » correspond au personnel, « 3 » aux opérations, « 4 » à la logistique… jusqu’à « 9 » pour les actions civilo-militaires (8). En face, l’antagoniste principal de cette saison est Mokhtar Mastry, le chef du renseignement islamique de l’Amniyat. Dérivé du mot arabe signifiant « sécurité », l’Amniyat s’occupe autant du renseignement extérieur (déstabilisation, attentat, assassinat…) avec sa branche Amn al-Kharji, du renseignement intérieur (surveillance) avec l’Amn al-Dawla, du renseignement militaire avec l’Amn al-Askari que de la répression interne avec l’Amn al-Dakhili (9).

Cette série fait aussi la part belle aux scènes issues du genre de l’espionnage. Exemple parmi d’autres, la salle de crise, représentée de manière récurrente, apparaît à juste titre comme le point central de l’opération. C’est dans cette salle que se fait la prise de décision, la conduite de l’opération ou encore les recherches nécessaires. On y retrouve les fameux écrans sur le mur, les horloges ou encore les batteries d’ordinateurs en rang. Par moments, les écrans diffusent les caméras portatives des soldats en temps réel, le flux vidéo d’un drone, des chaînes d’informations en continu, des notices d’informations ou encore des systèmes de suivi similaires au Blue force tracking (BFT) américain. Ces écrans modulables permettent une adaptation totale de l’espace pour une optimisation maximale. L’on imagine alors que cette salle de contrôle est en liaison permanente avec le quartier général du COS, située à Balard (Paris), en tout point similaire. Une ligne sécurisée, qui passe par un ordinateur crypté et uniquement alloué à cela, sert de moyen de contact. Pour les analystes, la série montre bien qu’ils ont chacun une ligne de téléphone personnelle. Sur ce point, Cœurs noirs s’illustre par son réalisme (bien qu’on imagine aisément que le style ultra-moderne de cette salle soit fantasmé pour la fiction).

Un divertissement « hollywoodien »

Dans la lignée de films à succès américains comme La chute du faucon noir (2001), American Sniper (2014) ou encore 13 Hours (2016), Cœurs noirs propose des scènes de combat modernes et haletants. De nombreuses fusillades viennent parsemer l’histoire de moments d’action. Souvent, le spectaculaire prend même le dessus sur le réalisme pour offrir un divertissement populaire. Dès le premier épisode, les jeux de caméras laissent penser qu’un terroriste va toucher au moins un des soldats, avant d’être abattu d’un tir dans la tête par un tireur positionné sur le toit d’à côté. Dans le troisième épisode, la scène de combat urbain répond à tous les critères des films d’action, y compris celui de la survie « miraculeuse » du chien Tyson à la frappe aérienne. La tension permanente, que ce soit lors des phases d’enquête, d’infiltration ou de combat, est très justement retranscrite à l’écran, à l’image des films Novembre (2022) ou encore Argo (2012). La structure des épisodes, nerveuse, qui garantit une scène d’action par épisode, permet au téléspectateur de se laisser emmener facilement par la série. Les cliffhangers (10) sont aussi très efficaces, poussant à vouloir découvrir la suite. La série n’a rien à envier au succès mondial Fauda, une série israélienne sur une unité d’élite infiltrée en territoire palestinien. Dans les deux cas, des scènes étudiant la psychologie des personnages côtoient des scènes d’action.

Malgré tout, cette action vient desservir le côté réaliste que la série essaie de bâtir. Le besoin qu’a la série d’offrir une scène de combat par épisode ne correspond pas avec le caractère secret des forces spéciales. Leur objectif principal est avant tout d’évoluer dans un environnement hostile sans se faire repérer. À ce titre, seule la mission d’infiltration de l’hôpital serait une réelle réussite, car toutes les autres se terminent en bain de sang. Par ailleurs, le peu de réflexe de survie des ennemis est lui aussi assez déconcertant. Comme dans trop de films, ils se tiennent debout pour servir de cible vivante tandis que les héros avancent de manière coordonnée, réfléchie et, surtout, couverte. Aussi, les effets spéciaux, bien qu’améliorés par rapport à la saison précédente, ont encore une marge de progression. Les effets sonores paraissent aseptisés, trop clairs et nets, là où une arme (surtout une AK-47) va souvent émettre un crépitement sec, claquant et métallique. Il est possible que cela ait été un choix volontaire pour correspondre à ce que le grand public a pour habitude d’entendre au cinéma. Outre leur son, les armes paraissent légères, tant elles sont maniées avec aisance par les acteurs. Pour rappel, à vide et sans équipement, un HK 416 standard pèse déjà 4 kg. Une certaine retenue dans la violence qui se retrouve par moment aseptisée – retenue que n’ont pas des succès comme Fauda – gâche un peu les efforts qui ont été fait pour toucher le jeune public, mais permettent néanmoins de rentrer dans les codes d’une audience moins habituée aux séries et films d’action contemporains.

Des thèmes humains

Contrairement à certaines fictions qui peuvent se contenter d’un aspect brutal, Cœurs noirs a choisi d’humaniser les militaires et de plonger le téléspectateur dans leurs états d’âme et leurs tourments affectifs. Si la saison 2 délaisse un peu les aspects géopolitiques par rapport à la précédente, ce n’est que pour rapprocher un peu plus la caméra des sentiments des personnages. Central à la série, c’est « l’esprit des forces spéciales » qui est transmis pendant ces six épisodes (11). Tout d’abord, cet esprit s’est créé par le fait que, lors de la sortie de la première saison, aucun des acteurs n’était une vedette – bien que Nina Meurisse ait obtenu le César de la meilleure actrice dans un second rôle depuis, en 2025. De ce fait, aucune figure n’éclipsait les autres, conformément à l’esprit de camaraderie recherché par les forces spéciales. De plus, de nombreuses scènes de solidarité ont été tournées, y compris une scène de cohésion. Les hommes se soutiennent entre eux et font tout pour retrouver un de leur membre capturé par l’ennemi, au point de sacrifier leur vie personnelle. Tous sont hantés par le cercueil de leur camarade qu’ils ont porté dans l’avion dans la première scène de cette nouvelle saison.

Aussi, les personnages expriment leurs sentiments à l’écran. Souvent, Martin, chef de groupe, évoque le manque et la tristesse que provoque la disparition de sa camarade d’arme Sab. Malgré la maladie de son fils et l’ultimatum de sa femme Nina (Célia Diane), il décide de rester pour aider son groupe. Par ailleurs, seule Adèle, une militaire, comprend son tourment, renforçant sa déconnexion avec sa femme civile. Il lui confie : « Je sais que je devrais être avec eux, mais je n’y arrive pas. Je ne peux pas partir alors que j’ai deux hommes sous le feu et une otage. Ça me bouffe, putain ». Cette déconnexion, sa femme la comprend au départ, puisqu’elle constate alors qu’ils sont en vacances en Crète, sas de décompression pour notre chef de groupe : « Tu ne peux pas être avec moi en ce moment. Si je veux te retrouver, tu dois retourner en Irak ». Cependant, cette compréhension s’amenuise avec le temps et les épreuves, ce qui la pousse à exiger le retour de son mari en France.

D’autres thèmes sont évoqués, comme l’infidélité et le traumatisme psychique par le biais des personnages Kevlar et Spit (Victor Pontecorvo) respectivement. Ce dernier, souffrant visiblement d’un syndrome psycho-traumatique (SPT), consulte en secret une psychologue en visioconférence. Malgré le jugement de son camarade, il continue ses consultations, jusqu’au moment où il semble surmonter ce problème et prendre le choix de rester dans l’armée. Consulter un psychologue reste mal vu en France et seuls 30 % des patients des psychologues sont des hommes (12). La virilité induite par le monde militaire, en particulier dans les forces spéciales, rend encore plus compliqué l’acceptation de la consultation psychologique. Et, si la forte camaraderie existant chez les militaires peut aider à surmonter les problèmes, comme montré avec Kevlar dans la série (qui surmonte son problème conjugal), le SPT peut parfois demander une aide professionnelle extérieure. Très justement, Spit avoue à la psychologue « Pour moi je fais le plus beau métier du monde. J’adore mes camarades. Mais la guerre, la mort, je crois que ça commence sérieusement à m’impacter. Alors si je ne peux plus vous parler, je crois que je vais imploser ». L’accompagnement des combattants est central pour les armées françaises qui se sont saisies de cette problématique depuis l’intervention en Afghanistan.

La dernière saison ?

Au vu du succès de la première saison ainsi que de son scénario, une seconde saison était facilement anticipable. Elle avait d’ailleurs été annoncée dès juin 2023. En revanche, rien n’est moins sûr avec la fin de la saison 2. L’arrêt sur image sur le visage souriant de Sab libérée est un plan fort de symbolique pour clore la série. Aussi, tous les arcs narratifs ont été conclus (parfois de manière abrupte) au cours du dernier épisode : Kevlar et sa femme se réconcilient, Spit décide de rester militaire, Martin devrait, on l’imagine, retrouver sa femme et le terroriste Mokhtar Masry s’en va avec l’argent. En revanche, l’enlèvement de Soraya et l’émergence d’un nouvel antagoniste, el Belgiki, le Bourreau de Daech, peuvent offrir l’excuse d’une troisième saison pour les scénaristes. Cœurs noirs peut aussi se déporter vers l’Ukraine et la Russie, comme l’a fait la série Sentinelles ou encore Le bureau des Légendes avant elle. En bref, il est très possible que l’existence d’une troisième saison soit corrélée au succès de l’actuelle.

Néanmoins, s’il n’y a pas de troisième saison, Cœurs noirs aura tout de même répondu aux attentes que certains d’entre nous avaient placées sur elle : être une série à succès sur les forces spéciales françaises réussissant à trouver l’équilibre entre réalisme et divertissement. Sans être un documentaire, elle aura réussi à partager le quotidien des soldats des forces spéciales, y compris les moments les moins haletants, comme le repérage, le renseignement humain ou encore le compte rendu. Aussi, sans pour autant être une série de fiction, Cœurs noirs a su tenir en haleine les téléspectateurs et proposer des scènes d’action réussies. Son scénario est un habile équilibre entre la réalité du terrain et une fiction originale. Avec le soutien de la MCIC et des forces armées françaises, la série est une vitrine pour les forces spéciales qui, espérons-le, va créer de nombreuses vocations. Pour rappel, la première saison a été vue dans le monde par près de 230 millions de personnes (13). ♦


(1) Lempereur Johann, « Cinéma & Séries – Cœurs noirs, les forces spéciales françaises à l’honneur », RDN, mars 2024, n° 868, p. 123-128 (https://www.defnat.com/e-RDN/vue-article.php?carticle=23405).
(2) Ibidem.
(3) Conesa Pierre et al., « La propagande francophone de Daech : la mythologie du combattant heureux », Observatoire des radicalisations, 2017 (https://www.fmsh.fr/sites/default/files/files/Rapport%20Propagande%20Bdef.pdf).
(4) Louaazizi Rédouane, « Série “Cœurs noirs” : “Montrer l’état d’esprit des forces spéciales” », Les lundis de l’IHEDN, Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) (https://ihedn.fr/).
(5) Ibidem.
(6) « 1er Régiment de parachutistes d’infanterie de marine », Armée de Terre (https://www.defense.gouv.fr/).
(7) Follorou Jacques, « Pris dans leurs rivalités, les services français ont privilégié leurs liens avec la NSA et le GCHQ », Le Monde, 10 décembre 2016.
(8) Brun Olivier, « J2 », dans Dictionnaire du renseignement, Perrin, 2018, p. 491 à 492 (https://shs.cairn.info/).
(9) Puxton Matteo, « L’Amniyat : le renseignement de l’État islamique, État dans l’État », DSI HS, n° 63, décembre 2018 (https://www.areion24.news/).
(10) Terme anglophone se traduisant littéralement par « personne accrochée à une falaise » et qui définit dans le monde culturel le type de fin qui laisse du suspens afin d’engendrer une forte envie de voir la suite.
(11) Armée de terre, « Quand les forces spéciales prennent d’assaut les écrans, ça donne “Cœurs Noirs”, une série coup de poing terriblement efficace. Nouvelle mission, nouvelle saison dès à présent sur Amazon Prime », Facebook, 9 mai 2025 (https://www.facebook.com/watch/?v=3248004532033934).
(12) « Pourquoi la santé mentale des hommes est-elle taboue ? », France culture, 29 octobre 2019 (https://www.radiofrance.fr/).
(13) « FOCUS-la Mission cinéma et industries créatives (MCIC) au service du rayonnement des armées », Ministère des Armées, 16 mai 2025 (www.youtube.com/).

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