La fin de l'année scolaire et sa canicule, devenue presque habituelle en cette période de l'année, sont bel et bien là, avec son lot d'actualité sur la scène internationale. Entre affrontements historiques entre Israël et l'Iran, le sommet de l'Otan et la poursuite de la meutrière guerre en Ukraine, l'été s'annonce déjà difficile sur tous ces fronts, militaires comme diplomatiques et politiques. Pour faire face à ces bouleversements, des efforts, notamment budgétaires, sont nécessaires pour les pays européens ; mais comment convaincre une opinion publique qui, d'un côté, considère que la guerre est loin et, de l'autre, comprend peu à peu que l'état de guerre permanent devient la réalité, au risque de s'y accomoder.
Éditorial – Vers la glaciation estivale (T 1723)
Donald Trump au sommet de l'Otan à La Haye aux Pays-Bas, les 24 et 25 juin 2025 (©The White House/United States Government Work / via Flickr)
Editorial —Towards summer glaciation
The end of the school year and its heatwave, which has become almost customary at this time of year, are well and truly here, with its share of current events on the international scene. Between historic clashes between Israel and Iran, the NATO summit, and the continuation of the deadly war in Ukraine, the summer is already shaping up to be difficult on all fronts, military, diplomatic, and political. To cope with these upheavals, efforts, particularly budgetary, are necessary for European countries; but how can we convince a public opinion that, on the one hand, considers war to be a distant memory and, on the other, gradually understands that a state of permanent war is becoming a reality, at the risk of becoming accustomed to it?
Alors que la France et l’Europe de l’Ouest suffoquent sous une canicule précoce – signe tangible de la réalité du dérèglement climatique –, le chaos du monde s’est poursuivi. Certes, la guerre des « 12 Jours » a vu le programme nucléaire militaire iranien sérieusement ralenti, même s’il n’est pas stoppé, mais la question reste entière au regard de la confrontation entre la volonté de Téhéran et l’opposition des États-Unis, d’Israël et des Européens. Une relance du processus type JCPOA (accord de Vienne de 2015) est-elle possible ? Il est trop tôt pour répondre à cette question ; en revanche, si l’on avait pu envisager au cours de cette courte guerre une fragilisation du régime des Mollahs, il faut déchanter car celui-ci s’en sort et peut poursuivre la répression de sa population…
Bien que directement lié à Téhéran, la question de la Bande de Gaza avec la reprise, depuis ce printemps, de l’offensive israélienne visant à éliminer ce qui reste du Hamas demeure entière, d’autant plus que le blocus et les restrictions autour de l’acheminement de l’aide humanitaire provoquent une tragédie humaine. Non seulement les combats sont meurtriers mais la distribution de cette aide vise au carnage tant la pseudo ONG soutenue par les États-Unis et Israël démontre son incapacité à gérer la distribution.
Pendant ce temps-là, Vladimir Poutine poursuit obstinément son travail de destruction de l’Ukraine. Avec un seul objectif, la capitulation de Kyiv, sans aucune réelle volonté de négocier et d’accepter de compromis. Le mois de juin a été le plus meurtrier pour la population civile ukrainienne depuis 2022. Les frappes se succèdent et Moscou affiche de nouvelles ambitions territoriales visant à démembrer le pays. La difficulté pour Kyiv est que l’attention médiatique a été totalement focalisée sur l’Iran, d’autant plus que les États-Unis, avec le raid spectaculaire des B2, se sont directement impliqués dans le conflit. Pour Vladimir Poutine, l’effet d’aubaine a été mis à profit et nul doute qu’il va poursuivre, persuadé que Washington ne souhaite pas une escalade autour de ce sujet.
Sujet à peine abordé lors du Sommet de l’Otan, la semaine dernière à La Haye aux Pays-Bas : les participants européens l’appréhendaient en s’interrogeant sur l’attitude de Donald Trump, tout auréolé de son action contre Téhéran et de l’obtention d’un cessez-le-feu immédiat. Le président américain en a d’ailleurs habilement joué pour poursuivre son show médiatique quotidien. Il a ainsi obtenu le ralliement des membres de l’Alliance au seuil des 5 % du PIB consacré à la défense d’ici 2035. Sans même se soucier de la faisabilité budgétaire et de l’acceptabilité sociétale d’un tel bond, car atteindre déjà les 3,5 % sera compliqué pour la quasi-totalité des pays européens. Toutefois, les promesses étaient nécessaires pour espérer conserver ce précieux lien transatlantique. C’est maintenant que les difficultés vont commencer : c’est le fameux « Article V contre F 35 ».
À l’heure où les transhumances estivales vont débuter dans presque tous les pays européens, quitte à aller chercher le soleil méditerranéen déjà caniculaire, la torpeur estivale risque bien de faire passer au second plan les guerres évoquées et la nécessité de réarmement face aux menaces. Il va être bien difficile pour nos décideurs de parler de politique étrangère durant cette période. Il va être bien difficile pour les médias de rapporter des guerres qui nous entourent. En revanche, il va être bien facile pour Vladimir Poutine de poursuivre son travail de sape de la cohésion européenne et de continuer sa guerre de haute intensité contre l’Ukraine ; tandis qu’à Gaza, on est encore loin de la perspective de résolution politique du conflit.
L’été sera meurtrier, mais qui voudra le voir ? ♦