Le Tour de France, au-delà de son aspect sportif, est un puissant levier du soft power français, attirant des centaines de millions de téléspectateurs. Organisé par ASO, il démontre une logistique impressionnante, mobilisant acteurs publics et privés. Avec seulement cinq équipes françaises sur 23, il illustre la mondialisation du cyclisme. Événement majeur, il génère des retombées économiques significatives via le tourisme dans nos villes et villages français. Le Tour est un symbole de savoir-faire et de cohésion, renforçant l'image de la France à l'international.
Éditorial – Le Tour de France : du soft power à la française (T 1725)
Carte du Tour de France 2025 (© ASO)
Editorial —The Tour de France: French soft power
The Tour de France, beyond its sporting aspect, is a powerful lever of French soft power, attracting hundreds of millions of viewers. Organized by ASO, it demonstrates impressive logistics, mobilizing public and private stakeholders. With only five French teams out of 23, it illustrates the globalization of cycling. A major event, it generates significant economic benefits via tourism in our French cities and villages. The Tour is a symbol of know-how and cohesion, strengthening France's image internationally.
Comme chaque début juillet, la grande Caravane du Tour de France s’est ébranlée donnant simultanément le départ de la plus grande course à vélo du monde mais aussi le signal du début des vacances estivales, du moins pour les juilletistes. Cette 112e édition s’inscrit dans cette longue histoire commencée en 1903. Au-delà de l’enthousiasme toujours croissant du public pour le seul événement sportif d’une telle ampleur et totalement gratuit, le Tour de France est devenu un véritable outil du soft power français. C’est un exemple particulièrement pertinent d’une performance renouvelée chaque année et qui draine des centaines de millions de téléspectateurs chaque jour durant trois semaines dans plus de 180 pays retransmettant la course.
Le Tour de France, c’est une organisation particulièrement performante réunissant des acteurs de nature différente mais travaillant ensemble toute l’année pour réussir l’événement. Tout d’abord, il y a l’organisateur et propriétaire, Amaury Sport Organisation (ASO) dont l’origine remonte à 1944 avec Émilien Amaury (1909-1977), fondateur du quotidien Le Parisien libéré (1914-1987), fort de son engagement dans la Résistance. Le temps a passé, mais ASO démontre un professionnalisme sans équivalent dans le sport français avec non seulement le Tour de France, mais bien d’autres sports dont la course à pied, la voile et le golf ; sans oublier le quotidien L’Équipe.
Organiser une épreuve de trois semaines, suivie du Tour de France Féminin sur neuf jours, constitue une véritable opération à l’organisation quasi militaire. La Caravane, en incluant les équipes, représente un effectif de 5 000 personnes et environ 4 000 véhicules se déplaçant quotidiennement sur des distances désormais inférieures à 200 km – à l’exception de deux étapes sur cette édition, les 6 et 10 juillet. De fait, le montage de la course implique, outre ASO, les services de l’État aux niveaux central et préfectoral, les départements, les collectivités locales, sans oublier les nombreux partenaires allant des entreprises comme E. Leclerc, la banque LCL, les diffuseurs avec France TV ou les médias comme Le Parisien – Aujourd’hui en France ou encore FranceInfo.
Le rayonnement international du Tour de France est tel qu’il n’y a que cinq équipes françaises sur les 23 engagées avec 184 coureurs. La mondialisation du cyclisme est une réalité démontrée chaque jour sur les routes de France.
Routes de France mais pas que…
Cette année constitue une exception. Cette 112e édition ne quittera pas l’Hexagone, le grand départ ayant été donné depuis Lille. Dès sa recréation en 1947, le Tour est passé par Bruxelles. En 1949, alors que le régime franquiste est très isolé, le Tour fait étape à Saint-Sébastien, en plein cœur du Pays basque espagnol. En 1964, il passe en Allemagne. Ces dernières années, en 2022, le Grand départ a eu lieu au Danemark, à Copenhague. En 2023, en Espagne, à Bilbao et en 2024 en Italie, à Florence. Pour 2026, ce sera à nouveau l’Espagne, mais cette fois-ci depuis Barcelone. Et en 2027, ce sera l’Écosse avec Edimbourg. Ces choix connus deux ans à l’avance illustrent la notoriété de l’épreuve et son importance. Il s’agit, en effet, du troisième événement sportif le plus important après les Jeux olympiques et la Coupe du monde de football ; de fait, il est le plus suivi dans les années sans JO ou sans Mondial.
Certes, les images du Tour peuvent donner une impression festive et estivale de la France, loin des préoccupations de la vie quotidienne, des tensions de la vie politique, des difficultés économiques ou encore des fractures de notre cohésion sociale. Oui, pendant que le public et les téléspectateurs se rassemblent l’après-midi pour voir le peloton gravir les montagnes de France, les guerres continuent en Ukraine ou au Proche-Orient. Il n’en demeure pas moins que le Tour de France est un événement majeur, festif et convivial qui participe directement au soft power français. Ses retombées économiques sont capitales et contribuent directement au tourisme qui constitue 3,6 % du PIB. Le Tour est aussi un démonstrateur du savoir-faire français en termes d’organisation avec une efficacité reconnue et enviée, autour d’ASO et de tous les partenaires, à commencer par l’État et les collectivités locales.
Le Tour de France, une fierté française… ♦