En pleine période estivale, les tensions géopolitiques persistent. L'Ukraine subit des bombardements russes intensifs et la désinformation russe cible l'Europe. Au Moyen-Orient, les négociations à Gaza piétinent et l'Iran suscite des inquiétudes nucléaires. En mer Rouge, les Houthis maintiennent une stratégie de tension. Malgré les vacances, la sécurité mondiale reste une préoccupation majeure.
Éditorial – Guerres et plages : les conflits ne prennent pas de vacances (T 1726)
Image générée par IA (© FrankBoston / Adobe Stock)
Editorial —War on the Beach: Conflicts Don't Take Vacations
In the midst of summer, geopolitical tensions persist. Ukraine is under intense Russian bombardment, and Russian disinformation is targeting Europe. In the Middle East, negotiations in Gaza are stalling, and Iran is raising nuclear concerns. In the Red Sea, the Houthis are maintaining a strategy of tension. Despite the holidays, global security remains a major concern.
Alors que nos opinions publiques européennes rentrent de plain-pied dans la torpeur estivale et la recherche de vacances bien méritées, les scènes géopolitiques ne font cependant pas relâche. Sur le théâtre des guerres, c’est même durant l’été que les engagements militaires sont les plus intenses, avant que l’automne et ses pluies ne viennent ralentir le rythme des batailles. Alors qu’en est-il, en cette mi-juillet ?
Sur le front ukrainien, Vladimir Poutine n’a pas varié dans ses objectifs : la capitulation de l’Ukraine et la révision de l’architecture de sécurité en Europe au profit de l’empire russe. Il poursuit ses campagnes de bombardements massifs du territoire ukrainien sans se soucier de l’impact sur la population civile qu’il faut punir à cause de son refus de céder à Moscou. Les pertes civiles au mois de juin ont été les plus élevées depuis plus d’un an.
L’annonce par Donald Trump de l’envoi de batteries Patriot, financées par les pays européens de l’Otan pourrait marquer une légère inflexion de Washington dont la ligne politique reste confuse vis-à-vis de Moscou. Certes, il y a une forme de soulagement pour l’Ukraine, mais il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’armements défensifs permettant en quelque sorte de faire le gros dos face aux frappes russes. Cela n’est toutefois pas suffisant pour obliger Moscou à venir à la table des négociations avec une volonté de désescalade. Pour Kyiv, il s’agit de tenir le plus longtemps possible, en attendant…
L’industrie de défense russe tourne à plein régime au profit exclusif de la guerre et du réarmement nécessaire pour retrouver des capacités offensives majeures d’ici 2030. Par ailleurs, les campagnes de déstabilisation et de désinformation au détriment des pays européens se poursuivent utilisant sciemment les réseaux sociaux pour propager toutes les rumeurs pouvant fracturer nos sociétés déjà fragiles. Ainsi sur le réseau X, les relais pro-russes instrumentalisent le défilé du 14-Juillet sur les Champs-Élysées pour accuser la France de vouloir la guerre, y compris civile. Les blindés Centaure de la Gendarmerie sont présentés comme étant prévus pour réprimer la population… Désinformation, manipulation et accusations sont désormais le quotidien instrumentalisé par la propagande moscovite.
Au Proche et Moyen-Orient, le statu quo prévaut à Gaza où les négociations piétinent malgré les intermédiations, chacun – Israël et le Hamas – se renvoyant la balle, au détriment des populations civiles. Là encore, la lassitude des opinions publiques ne pousse pas à une volonté de sortie de crise. À Téhéran, après l’ampleur des dégâts causés par la guerre des « 12 jours », le doute subsiste quant au programme nucléaire. Où sont les plus de 400 tonnes d’uranium enrichi ? Qu’en est-il de l’état des installations dédiées à l’arme atomique ? S’agit-il d’un arrêt durable ou d’une pause de quelques mois avant la reprise de l’enrichissement ? Par ailleurs, qu’en est-il du rapport de force au sein du régime iranien entre les pragmatiques et les tenants d’une ligne dure ? Sans oublier que nous avons trois otages dans les geôles iraniennes…
En mer Rouge, les Houthis maintiennent une stratégie de la tension avec deux vraquiers récemment attaqués et coulés, avec une médiatisation très maîtrisée des naufrages ; de quoi inquiéter tous les armateurs dont les navires transitent dans la région. Cela signifie que la capacité de nuisance des Houthis demeure réelle malgré les frappes américaines, britanniques et israéliennes. Il s’agit bien pour nos marines d’un véritable théâtre d’opérations où la menace est permanente avec des temps de réaction très brefs.
D’autres foyers de crise persistent, notamment autour de Taïwan, mais il faut bien avouer que, pour les opinions publiques européennes, c’est bien loin et éloigné de nos préoccupations quotidiennes. C’est aussi une des difficultés pour expliquer que notre sécurité se joue aussi aux antipodes, avec le paradoxe que jamais le monde n’a été à la fois aussi connecté et fragmenté.
Si la plage attire, à juste titre, beaucoup de vacanciers, il ne faut pas oublier que sous les flots, il y a aussi nos sous-marins qui patrouillent et veillent pour garantir notre sécurité. Et peut-être aussi quelques « dents de la mer », qui cinquante ans après suscitent toujours autant de frissons… ♦