Dissuasion et puissance moyenne (mars 1972)
Note de la rédaction : L’exposé qui suit doit beaucoup aux travaux que, dès 1965, des officiers français entreprirent pour l’étude d’un modèle logique de dissuasion.
Les armes de destruction massive ont revalorisé un mode de la stratégie – la dissuasion – qui, pour être aussi ancien que l’homme affrontant l’homme, était rarement évoqué par les traités d’art militaire. La dissuasion est en effet un mode stratégique assez particulier, puisqu’il se donne pour fin de détourner autrui d’agir à nos dépens en lui faisant prendre conscience que l’entreprise qu’il projette est irrationnelle.
L’entrée dans l’ère nucléaire allait bouleverser les données de la dissuasion en la fondant, non seulement sur l’irrationnel politique, mais sur l’absurde des situations apocalyptiques qu’engendrerait le recours à l’arme suprême. Paradoxalement, celle-ci mettait la guerre en question au lieu de la servir ; ce qui ne pouvait manquer d’affecter profondément les relations internationales en modifiant la fonction traditionnelle de la violence armée dans la compétition des États. En outre, elle atténuait les conséquences des disparités entre les puissances les plus inégales.
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