Politique et diplomatie - La France et l’URSS avant le sommet
Il est encore trop tôt, à l’heure où ces lignes sont écrites, pour tirer la leçon du séjour que M. Khrouchtchev effectuera en France avant la fin du mois de mars. L’occasion est, par contre, propice de revenir en arrière sur l’évolution des relations entre la France et la Russie, et d’analyser l’état des relations franco-soviétiques en 1960.
Dans le passé, la recherche d’une entente avec la Russie s’est imposée à la France à l’époque où la cristallisation d’un monde germanique en rapide croissance introduisait un élément nouveau d’instabilité dans l’équilibre politique et militaire européen ; cette communauté d’intérêts était signalée par Lamartine, qui écrivait, en 1826 : « Aucune arrière-pensée, aucun conflit d’intérêts, aucune différence de doctrines religieuses ou politiques, aucune rivalité de territoire ou de commerce ne peuvent inquiéter ces deux peuples (France et Russie) sur leurs dispositions mutuelles, la nature en séparant leurs sphères d’action les a fait amis et la nécessité a scellé pour longtemps ce traité tacite ».
De tacite qu’elle était, l’entente devint expresse en 1892 lorsqu’est signé, entre le tsar Alexandre III et la République Française un engagement de consultation politique qui allait bientôt se transformer en véritable alliance défensive. La première guerre mondiale voit les deux pays lutter de concert jusqu’en 1917. Après le bref intermède de la guerre civile et de ses séquelles internationales, le Gouvernement Herriot reconnaît le Gouvernement de l’U.R.S.S. le 28 octobre 1924. Et les mêmes raisons qui, à la fin du XIXe siècle, avaient motivé le rapprochement de la République Française et de l’Empire de Russie scellent l’alliance entre la Troisième République et l’Union Soviétique. Le 29 novembre 1932, un pacte franco-soviétique de non-agression est signé, complété le 11 janvier 1934 par un accord commercial, et, le 2 mai 1935, par un pacte d’assistance mutuelle, sur lequel Pierre Laval appose sa signature.
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