Politique et diplomatie - L’Allemagne au creux de la vague
Sans renouveler sensiblement les données du problème allemand, le mois de juin nous apporte à ce propos quelques faits sur lesquels il est utile de revenir. Le 12 juin 1964, l’Union soviétique a signé avec la République démocratique allemande un traité d’amitié, d’entraide et de coopération.
L’article 2 affirme que les deux parties chercheront à obtenir la conclusion du traité de paix allemand et la normalisation sur cette base de la situation de Berlin-Ouest. Jusqu’à la conclusion de ce traité, les deux parties contractantes prennent pour acquis que « les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France continueront d’assumer leurs responsabilités pour satisfaire sur le territoire de la République fédérale aux exigences et aux obligations que les gouvernements des quatre puissances ont accepté conjointement par les accords de Potsdam ». Il résulte de cette clause du traité que, réciproquement, l’Union soviétique continue d’assumer les responsabilités, qu’aux termes de ces mêmes accords de Postdam, elle a acceptées sur le territoire de la zone orientale, devenu depuis lors la République Démocratique Allemande. Ce point est d’ailleurs réaffirmé dans l’article 9 qui déclare que « le présent traité n’affecte pas les droits et les obligations découlant pour les parties des accords internationaux, bilatéraux ou autres, en vigueur, dont les accords de Potsdam ». Quant à Berlin-Ouest, l’article 6 déclare que « les deux États considéreront Berlin-Ouest comme une entité politique autonome ». L’expression utilisée dans le texte semble peu offensive. Elle consiste simplement à réaffirmer que les deux États refusent de considérer Berlin-Ouest comme un land de la République fédérale ; et en conséquence que les accords internationaux engageant la République fédérale ne s’appliquent pas à Berlin-Ouest. Mais pour défensive qu’elle soit, cette prise de position a une certaine importance.
La réaffirmation que l’Union soviétique, aussi bien que l’Allemagne de l’Est, considèrent Berlin-Ouest comme une entité politique autonome est en effet destinée à freiner la tendance qui se manifeste parmi les démocraties populaires à signer avec Bonn des accords commerciaux dont les dispositions, notamment sur le plan financier, sont étendues à Berlin-Ouest. Sur ce point, la politique du gouvernement de M. Ulbricht s’inspire, si l’on peut dire et toutes proportions gardées, d’une doctrine Hallstein à rebours : elle s’efforce d’éviter que, par la voie d’accords commerciaux, la position juridique affirmée par les pays orientaux, que Bonn n’a aucun droit de souveraineté sur Berlin-Ouest, soit progressivement grignotée. Or la Pologne, la Roumanie, la Bulgarie et la Hongrie ont déjà accepté que les accords commerciaux signés avec Bonn soit applicables au territoire de Berlin-Ouest. Enfin, le traité (article 7) réaffirme que, compte tenu de l’existence des deux États allemands souverains, la création d’un État allemand unique, pacifique et démocratique ne peut être réalisée que par la voie de pourparlers et d’accords auxquels participeraient, sur un pied d’égalité, les deux États allemands souverains.
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