La France et le désarmement en 1965
On pourrait juger que la France, en cessant de participer aux négociations sur le désarmement auquel elle avait porté naguère le plus vif intérêt, s’en détache, désormais, avec indifférence. Quelle part de vérité y a-t-il dans ce jugement ? ; quelles idées animent notre gouvernement ? ; quelles sont les raisons de son attitude ? ; voilà les questions auxquelles il convient de s’arrêter si l’on veut comprendre la position actuelle de la France vis-à-vis des problèmes du désarmement.
Il est vrai que, pendant les quinze années qui ont suivi la dernière guerre, la France avait activement participé aux discussions, tant au Conseil de sécurité qu’à l’Assemblée Générale des Nations Unies et dans les comités spécialisés plus restreints où s’élaboraient, d’abord séparément, les plans d’un désarmement atomique et d’un désarmement classique puis, dans un rapprochement des deux, un plan général de désarmement. Il n’est pas exagéré de dire que, de 1952 à 1957, la France a été le moteur de cette difficile négociation. Le point culminant, où l’on verra sans doute plus tard une des occasions perdues de l’Histoire, fut le jour de l’année 1954 où le gouvernement soviétique accepta comme base de discussion le plan franco-britannique élaboré en commun par MM. Jules Moch et Selwyn Lloyd. On reconnaît encore ce plan, démarqué ou interprété de diverses façons, dans tous les plans généraux actuellement en discussion.
Cependant, dès 1949, l’Union Soviétique, par sa première explosion atomique, donnait la preuve qu’elle accédait au niveau de la puissance américaine. Puis les efforts se portaient sur la fabrication de la bombe thermonucléaire, expérimentée en 1952 aux États-Unis, en 1953 en U.R.S.S., en 1957 en Angleterre. Ainsi, dans la lutte de vitesse engagée entre l’armement et le désarmement, l’avantage restait au premier. Sur la scène de la négociation, la conscience de ce qui se passait dans les coulisses ne manquait pas de gêner les acteurs ni d’influencer leur jeu.
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