Article sous pseudo écrit par le gouverneur général Paul Chauvet.
Les positions se précisent au Sud-Est asiatique
Dans notre article d’avril dernier (1), écrit lorsque les U.S.A. décidaient d’intervenir au Nord-Vietnam et commençaient leur « escalade », l’attitude qu’adopteraient la Chine et la Russie était inconnue et la tactique elle-même des U.S.A. n’apparaissait pas encore. Malgré la volonté commune des deux grandes puissances atomiques d’éviter un protectorat chinois sur cette partie de l’Asie, on ne pouvait préjuger avec certitude des réactions russes en présence d’une attaque américaine sur son allié nord-vietnamien et, éventuellement, sur la Chine. On ne pouvait davantage deviner si l’Amérique allait opter pour une action massive destinée à terroriser Ho Chi-Minh et le Viet Cong, et à les amener rapidement à traiter ; ou pour une action progressive présentant moins de risques d’une intervention russe, mais nécessitant un effort militaire et politique plus long, plus pénible et plus aléatoire.
On pouvait, au contraire, prévoir avec une quasi-certitude que la Chine n’interviendrait pas dans un tel conflit si elle n’était pas attaquée elle-même, quels que soient son orgueil, son fanatisme et ses illusions sur ses forces actuelles, sinon par la fourniture d’armement et de matériel assortie de conseils d’intransigeance : d’abord parce que l’acheminement de forces chinoises importantes, qu’il faut nourrir et ravitailler, à partir du Quang Si, du Yunnan ou du Quang Toung jusqu’au 17e parallèle par des voies ferrées ou routières étroites, coupées d’ouvrages d’art vulnérables, constitue une entreprise très difficile et que des troupes ne parlant pas la langue du pays, dans un combat de jungle, sont lourdement handicapées. Mais surtout, parce que la Chine, malgré ses menaces et ses rodomontades, ne veut pas risquer l’anéantissement de ses efforts et de ses sacrifices par des représailles américaines sur son industrie et ses installations atomiques, comme l’a suffisamment démontré son extrême circonspection à l’égard de Quemoy et de Matsu. Et tout homme connaissant l’Asie sait bien que les injures et les menaces font partie de la tactique guerrière et diplomatique, comme au temps de l’Iliade et de l’Odyssée ; et qu’un acte de violence soudain est rarement annoncé par une attitude provocante et des propos belliqueux !
En fait, il apparaissait rapidement que la politique des U.S.A. avait choisi la tactique prudente, se gardant d’intervenir en Chine comme de viser directement, au Nord-Vietnam, des objectifs économiques dont la destruction atteindrait la population.
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