À propos de l'ouvrage Herman Kahn On escalation, metaphors and scenarios, et plus particulièrement de sa version français De l’escalade, métaphores et scénarios (Éditions Calmann-Lévy, 1966, 384 pages), préfacée par le général Stehlin.
Une étude sur l’escalade
Nous n’avons pas lu le texte original du livre d’Herman Kahn « On escalation, metaphors and scenarios », titre exactement traduit en français par « De l’escalade, métaphores et scénarios » (1). Le Général Stehlin présente cet ouvrage aux lecteurs français et leur conseille de lire attentivement cet important travail, dû à un scientifique américain qui participa aux activités de la célèbre Rand Corporation comme à celles de « diverses institutions chargées de l’étude des problèmes nouveaux qui, à l’ère nucléaire, se posent pour le gouvernement des États-Unis au plus haut niveau de l’intérêt public, notamment la Commission de l’énergie atomique et l’Office de la mobilisation civile et de défense ». Herman Kahn, dont un livre précédent, « On thermo-nuclear war », a été particulièrement apprécié par les lecteurs les plus compétents, est actuellement directeur d’un institut privé de recherches, le « Hudson Institute », dont la tâche essentielle est « d’analyser les relations entre les armes et la stratégie, d’étudier l’évolution de celle-ci en fonction des développements et de l’accroissement de puissance de celles-là, de mettre en évidence la transformation du choix des actions de défense avec les progrès accélérés de la technique ».
Le Général Stehlin, en soulignant l’importance et la difficulté de telles recherches, en souhaitant que les lecteurs français s’y intéressent, leur signale le style de l’auteur — un style tout personnel : « Le sujet nouveau qu’il traite dans le milieu de pensée lui-même nouveau de l’ère nucléaire, l’a obligé à créer des mots nouveaux et des acceptions nouvelles que l’on devine par le contexte, à former des expressions par juxtaposition de termes ». Aussi les traducteurs se sont-ils trouvés obligés d’en faire autant ; et l’auteur de la préface en conclut qu’il est « nécessaire que le français grandisse et s’enrichisse à la cadence d’évolution de notre temps ».
Nous en sommes tout à fait d’accord. Mais sans entrer dans une querelle qui n’est nullement notre propos, nous déplorons que les termes adoptés par les traducteurs soient à peu près incompréhensibles pour un lecteur français, à l’esprit desquels des expressions telles que « attaques d’environnement de la contre-force », « attaques contre-valeur d’environnement », « attaques antirécupération », « attaques instrumentales spéciales », par exemple, qui marquent différents échelons de l’escalade dans les « guerres centrales militaires » n’évoquent absolument rien, sinon quelques scènes bien connues du théâtre de Molière, et le célèbre vers de Boileau : « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement ».
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