Institutions internationales - Après la Conférence d'Helsinki - Détente à Cuba ? - Inquiétudes européennes - Riches et pauvres
L’été 1975 ne restera pas inscrit dans l’histoire par quelques-uns de ces événements qui, soit par eux-mêmes, soit par leurs conséquences immédiatement prévisibles, modifient les données des situations antérieures. Qu’il s’agisse des coups d’État du Bangladesh et du Nigeria, des tensions portugaises, de l’installation d’une administration révolutionnaire à Vientiane, voire du succès partiel de M. Henry Kissinger au Moyen-Orient, etc. rien n’a véritablement pu surprendre, et si les plus hautes autorités politiques de toute l’Europe (sauf l’Albanie) ainsi que des États-Unis et du Canada (qui ont des forces armées sur le continent) ont, à Helsinki le 1er août, conclu la conférence sur la sécurité et la coopération en Europe en signant l’Acte final, la situation de l’Europe et les rapports Est-Ouest n’ont pas été affectés profondément.
Mujibur Rahman ne s’attendait certainement pas à la trahison de ses courtisans. Il avait renforcé son pouvoir après avoir, au début de l’année, instauré un régime présidentiel, transformé le parti nationaliste bengali, la ligue Awami, en un parti unique, sous prétexte de lutter contre la corruption, le banditisme et les attentats politiques. Mais la « seconde révolution » qu’il avait annoncée simultanément ne répondait guère aux multiples périls, notamment une disette récurrente, qu’affronte un des pays les plus pauvres du monde. Bien qu’il ait été pendant deux décennies le catalyseur du nationalisme bengali, Mujibur Rahman ne s’était pas montré à la hauteur d’une situation qui réclamait autre chose qu’un gouvernement par le verbe, à savoir d’énergiques mesures économiques et sociales. Cependant il est encore trop tôt pour affirmer que ce coup d’État aura des répercussions internationales conformes aux espérances américaines, chinoises et pakistanaises qu’il n’a pas manqué de susciter.
Le coup d’État de Lagos a été le 29e qui, en douze ans, ait été enregistré dans l’Afrique au sud du Sahara. Le général Gowon, qui refusait le parti unique, tentait de concilier des institutions d’inspiration britannique avec des tensions tribales insoucieuses de cette rationalité politique. Mais les inégalités dans la répartition du pactole affluant chez le huitième producteur de pétrole du monde – ses revenus avaient triplé en 1974 – ont attisé un mécontentement que les antagonismes ethniques n’ont fait qu’aggraver.
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