Afrique - La « bande d'Aozou » : un différend qui dure
Après le différend frontalier entre le Mali et le Burkina Faso, qu’elle avait traité en 1986, la Cour internationale de justice de l’ONU, qui est la plus haute instance judiciaire mondiale, se penche depuis le 14 juin 1993 sur l’affaire de la « bande d’Aozou », qui oppose le Tchad à la Libye. C’est un territoire de 114 000 kilomètres carrés qui s’étend à l’est de Toumo (frontière entre le Tchad, la Libye et le Niger) jusqu’à la frontière soudanaise. Ce territoire est, on le sait, à l’origine des affrontements entre le Tchad et la Libye depuis une vingtaine d’années.
C’est en 1989, après avoir subi une sévère défaite militaire, infligée par les troupes tchadiennes, que la Libye s’est résignée à conclure à Alger le 31 août un accord-cadre sur le règlement pacifique de ce différend, prévoyant que si, dans un délai d’un an, les deux parties ne parvenaient pas à s’entendre à l’amiable, elles saisiraient la Cour internationale pour parvenir à un règlement juridictionnel et clore définitivement ce litige. Par des lettres datées du 31 août 1990 pour la Libye, et du 1er septembre 1990 pour le Tchad, les deux États notifièrent à la Cour leur acceptation d’un règlement juridictionnel de leur différend, s’engageant à respecter l’arrêt de celle-ci.
Dans une première phase, qui a duré jusqu’en 1993, les parties ont procédé à un échange de pièces de procédure, constituées de milliers de pages de notes, d’argumentaires et de documents. La deuxième phase, celle des plaidoiries orales, devait durer cinq semaines. L’arrêt de la Cour est attendu pour le début de l’année 1994. Cet événement est sans conteste d’une grande importance pour le continent africain, d’abord parce qu’il est un mode exemplaire de règlement d’un conflit frontalier interafricain, ensuite parce qu’il sera pour l’avenir une pièce essentielle versée au délicat dossier du problème des frontières en Afrique.
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