Afrique - L'Organisation de l'unité africaine (OUA) a trente ans
Créée à Addis-Abeba le 25 mai 1963, l’Organisation de l’unité africaine (OUA) fête cette année son trentième anniversaire. Regroupant 53 membres depuis l’adhésion récente de l’Érythrée, elle reste la plus importante des organisations régionales dans le monde en développement. À l’origine, les dispositions de la Charte de l’OUA assignent à l’institution cinq grands objectifs : renforcer l’unité et la solidarité des États africains ; coordonner et intensifier leurs coopérations et leurs efforts pour offrir de meilleures conditions d’existence aux peuples d’Afrique ; défendre leur souveraineté, leur intégrité territoriale et leur indépendance ; éliminer sous toutes ses formes le colonialisme en Afrique ; favoriser la coopération internationale en tenant compte de la Charte de l’ONU et de la Déclaration des droits de l’homme. À ces cinq premiers objectifs, s’est ajouté en juillet 1964 celui du respect des frontières issues de la décolonisation.
Trois décennies après sa création, à l’heure où l’Afrique traverse une période particulièrement difficile, marquée par une profonde crise économique qui la met de plus en plus à l’écart des grands flux de l’économie mondiale, par une transition politique trop souvent chaotique, et par un accroissement de la violence et des conflits, l’OUA, sur la base d’un bilan qui se révèle globalement négatif, a voulu, lors de son dernier sommet qui s’est tenu au Caire en juin 1993, trouver les voies d’une relance de ses ambitions. Cet effort paraît d’autant plus nécessaire aujourd’hui que les processus de décolonisation sont largement achevés et que pour l’Organisation panafricaine la page est pratiquement tournée dans ce domaine, l’un des rares où elle s’est montrée plutôt active.
En outre, les effets de la fin de la guerre froide constituent indéniablement une occasion à saisir pour une telle relance. Les Nations unies ont su le faire tant bien que mal, mais on voit bien que dans le domaine politico-militaire l’ONU a précisément trop à faire. Elle est notamment de plus en plus engagée sur le continent africain, où elle rencontre des difficultés considérables, à tel point que la communauté internationale se montre très favorable à une affirmation du rôle et de la présence de l’OUA dans la gestion des crises et des conflits africains pour que cette dernière puisse prendre le relais de l’ONU. Le secrétaire général des Nations unies, les responsables de la politique africaine des États-Unis, ceux de la diplomatie française, ou bien encore les représentants de la Communauté européenne multiplient depuis quelques mois les déclarations dans ce sens, s’engageant si besoin est à appuyer diplomatiquement et même financièrement et matériellement les efforts de l’OUA.
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