Afrique - La zone franc dans la tourmente
La zone franc, exemple unique dans l’histoire de l’intégration monétaire à laquelle participent des pays en développement, traverse actuellement une période particulièrement critique.
Créée à la fin de la Seconde Guerre mondiale, cette zone associe la France, ses DOM-TOM, Mayotte et Monaco à 14 pays africains : d’une part les 7 membres de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa), c’est-à-dire le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo ; d’autre part les 6 pays d’Afrique centrale membres de la Banque des États de l’Afrique centrale (Béac) ; et enfin les Comores dont le franc est rattaché à l’ensemble. La monnaie de référence de cet ensemble africain, le franc CFA (1 F CFA = 0,02 FF) bénéficie de trois avantages, piliers de cette union : la convertibilité, le libre transfert et une parité fixe avec le franc français. Longtemps, ces trois avantages ont constitué un atout monétaire et un facteur de stabilité économique indéniable. Aujourd’hui, cette zone et ses trois règles d’or sont fortement controversées, et nombreux sont ceux qui plaident en faveur d’une remise en question de ces principes, affirmant qu’ils sont devenus un obstacle au redressement économique des pays africains concernés.
Au début des années 1980, pour faire face à la crise qui frappait durement les économies africaines (en particulier les pays non pétroliers), des programmes d’ajustement structurels ont été mis en œuvre, destinés à assainir une situation fortement aggravée par la faible productivité et l’inefficacité des entreprises et du secteur public. Des efforts significatifs ont été accomplis par les pays concernés avec l’aide de la France et des institutions de Bretton Woods (Banque mondiale et FMI), ces dernières s’affichant comme des champions du libéralisme. Après des premiers résultats encourageants, la conjoncture a compromis la réussite de cette politique. La plupart des pays de la zone franc ont vu leurs recettes d’exportation fondre avec la chute continue des prix des matières premières (café, cacao, coton, oléagineux, uranium, pétrole…). À cela se sont ajoutées la baisse du dollar et la stabilité du franc français. Enfin, de nombreux pays du continent africain, voisins ou concurrents de ceux de la zone, ont multiplié les dévaluations.
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