Asie - La nouvelle diplomatie taïwanaise
La république de Chine (Taiwan) a, dans le passé, largement contribué à un isolement diplomatique qu’elle a particulièrement ressenti dans les années 1970. Cependant, depuis la mort du président Chiang Ching-kuo (fils de Chiang Kai-shek) en janvier 1988, Lee Teng-hui, premier président natif de Formose, s’est orienté vers une diplomatie pragmatique qui connaît, sous le nom de diplomatie souple, un nouvel élan depuis bientôt deux ans. L’identité politique de Taiwan est de plus en plus reconnue. Taipei fait campagne pour son admission à l’ONU et son président vient d’effectuer son premier voyage officiel à l’étranger.
Chiang Kai-shek, comme Mao Zedong, entendait représenter la Chine entière. Il n’y a qu’une Chine, disaient-ils, dont la capitale est à Pékin disait Mao, à Taipei répondait Chiang. Cette intransigeance obligeait les autres États à un choix qui s’est progressivement fait au détriment des nationalistes. Cela a conduit inéluctablement à l’expulsion de Taiwan de l’Organisation des Nations unies et des organismes qui en dépendaient en 1971, le retrait imposé du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale n’ayant eu lieu qu’en 1980. Après l’établissement des relations diplomatiques entre Pékin et Washington en janvier 1979, le nombre de celles dont bénéficiait Taiwan s’est considérablement réduit. Au plus bas, la république de Chine n’entretenait plus de relations officielles qu’avec une vingtaine d’États. Au début des années 1990, les derniers pays d’importance ayant des relations officielles avec Taipei, l’Arabie saoudite (1990), l’Indonésie et la Corée du Sud (1992), ont abandonné Taiwan pour la RPC. Singapour et Brunei ont rapidement suivi. Aujourd’hui, seule l’Afrique du Sud, pour encore probablement peu de temps, maintient des relations diplomatiques avec Taipei.
Le président Chiang Ching-kuo avait lui-même amorcé l’assouplissement de sa diplomatie en faisant participer son pays aux Jeux olympiques de Los Angeles en 1984, sous le nom de « Taipei chinoise » au lieu d’insister sur celui de république de Chine et, en 1986, s’étant opposé en vain à l’entrée de la RPC à la Banque asiatique de développement (BAD), il a su y maintenir son pays sous le nom de « Taipei, China ». Une politique volontaire lui a permis d’ouvrir avec de nombreux pays des relations non officielles mais réelles, faisant passer le nombre de représentations à l’étranger de soixante-dix en 1979 à quatre-vingt-six en 1987.
Il reste 79 % de l'article à lire