Asie - Corée : fin de mandat difficile pour Kim Young-sam
Lorsqu’il fit son entrée à la Maison-Bleue, en 1992, le président Kim Young-sam, auréolé d’une image de « Monsieur Propre », bénéficiait d’une cote de popularité de plus de 80 %. Le 25 février 1997, tombé à 18,8 % d’avis favorables, il déclarait sur toutes les chaînes de télévision : « Je baisse la tête de honte pour les personnes de mon entourage impliquées dans le scandale ». Le scandale du groupe Hanbo, venant juste après les grandes grèves provoquées par une loi sur l’emploi votée dans des circonstances rocambolesques, ne ternit pas seulement la fin de mandat du président sud-coréen. Son parti pourrait, à l’occasion de la prochaine élection présidentielle, perdre son poste au profit de l’opposition.
Pendant l’année 1996, les critiques s’étaient accumulées contre Kim Young-sam. On lui a reproché de mal conduire l’économie du pays, d’avoir une politique étrangère tâtonnante et d’avoir échoué dans l’établissement d’institutions stables. L’économie du pays est en stagnation. Le déficit des comptes courants a atteint 23 milliards de dollars et la dette extérieure a franchi le cap des 100 millions. La situation du chômage est également très inquiétante. Malgré de nombreux remaniements ministériels (vingt-sept en quatre ans) et des réformes de structures, la situation de l’économie ne s’est pas améliorée. Le raidissement sur la question de la Corée du Nord, après l’affaire du sous-marin nordiste échoué sur une côte du Sud, en septembre 1996, a conduit à une certaine tension avec Washington.
Pour Kim Young-sam, ce qui lui a fait perdre le plus les faveurs du pays est le sentiment général qu’il n’a pas tenu sa promesse principale. Premier président civil, librement élu, il avait en effet juré de mettre fin à la corruption rampante qui rongeait le régime autoritaire des militaires en place depuis plusieurs dizaines d’années. On se souvient qu’il n’avait pas hésité à faire arrêter, puis condamner, les deux généraux qui l’avaient précédé. Le 26 août 1996, un tribunal a condamné à mort le général président Chun Doo-hwan pour la répression sanglante des manifestations de Kwangju, en mai 1980 (environ 200 morts), et pour avoir encaissé d’importants pots-de-vin. Son successeur, le général Roh Tae-woo, dans le même box des accusés, a été condamné à vingt-deux ans et six mois de prison, également pour corruption. Treize autres généraux et neuf chefs de gros groupes industriels, comme le propriétaire de Samsung et le président de Daewoo, furent également jugés dans ce qui fut le procès du siècle. Pour établir, aux yeux de l’histoire, la vérité sur la tragédie du mouvement démocratique de 1980 et extirper le cancer de la corruption, Kim Young-sam n’a pas hésité à faire juger son prédécesseur et mentor Roh Tae-woo. Il n’en a pourtant pas tiré le bénéfice politique qu’il escomptait. Dans le climat de la préparation de ce procès, son mouvement, le Parti de la nouvelle Corée (PNC), aux élections générales du 11 avril 1996, manqua d’obtenir la majorité absolue au Parlement, avec 139 députés sur les 299 sièges, tandis que ses rivaux, le Congrès national pour une nouvelle politique et l’Union des démocrates et libéraux, passaient respectivement de 27 sièges à 79 et de 19 à 50 dans la nouvelle Assemblée nationale. Beaucoup ont alors sanctionné Kim, accusé d’avoir procédé à un jugement hâtif, ne respectant pas les droits de la défense, à des fins politiques plus que par soif de justice.
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