Aborder le sujet doctrinal demande toujours un certain courage, à la fois pour son lecteur comme pour celui qui a la charge de son élaboration, tant le sujet porte en soi une certaine part d’austérité, quand ce n’est pas carrément une bonne tranche d’hostilité.

Pourtant, au courageux lecteur de cet article, je voudrais dire en premier lieu, et pour mieux l’attirer peut-être, que la doctrine d’emploi des forces constitue aujourd’hui, au moment où ces lignes sont lues, une réalité au cœur des opérations menées par nos armées. Celles-ci, en effet, appliquent ou déclinent en permanence le corpus doctrinal de manière rigoureuse mais éclairée, selon des modalités sur lesquelles je reviendrai.

Je voudrais effectuer deux remarques liminaires sur les conséquences de nos actions dans les théâtres d’opérations. D’une part, ces actions exigent de nous la maîtrise collective de savoir-faire précis et multiples, pour lesquels la doctrine constitue une base indispensable. Car il s’agit en effet pour nos armées, non seulement d’être, comme on dit, « engagées », mais souvent d’être à l’initiative même de cet engagement du combat afin de dominer un adversaire déterminé et réactif. D’autre part, ces engagements confèrent aux armées le bénéfice d’une expérience opérationnelle exceptionnelle et tangible, « face au feu » et au milieu de populations devenues les véritables enjeux des conflits armés. Cette expérience doit être exploitée pour enrichir notamment la pensée doctrinale devant permettre de maintenir cette domination.