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  • Revue n° 447 Octobre 1984
  • Le prophète et Pharaon

Le prophète et Pharaon

Claude Le Borgne, « Le prophète et Pharaon  » Revue n° 447 Octobre 1984 - p. 183185-0
Auteur(s) de l'ouvrage : Gilles Kepel Éditions La Découverte, 1984 ; 245 pages

Nous avons, dans le numéro de mars de notre revue, analysé « trois livres sur l’islam inquiétant ». En voici un 4e, paru depuis lors et qui nous oblige à revenir sur cet important sujet. On ne saurait trop recommander l’ouvrage de Gilles Kepel. Arabisant, chercheur au CNRS, il a mené durant 3 années une enquête directe sur le mouvement islamiste dans l’Égypte de Sadate. Son enquête a fait l’objet d’une thèse. Ce livre en est la présentation brillante, où l’information authentique est mise en valeur par une écriture parfaite, une érudition qui va bien au-delà de l’islamologie et un art de la synthèse qui nous offre, enfin, un tableau intelligemment éclairé des obscurités « intégristes ».

La préface de Bernard Lewis, éminent orientaliste américain, met l’islamisme (1) en situation : « Le Christ mourut sur la croix. Mohammed, prophète de l’islam… finit chef d’État ». Pour le musulman, Dieu est la seule référence de la juste autorité. C’est en son nom que l’on contestera le pouvoir injuste. L’islamisme moderne, quelque « monstrueux » qu’il nous apparaisse, s’inscrit donc dans une tradition révolutionnaire propre à l’islam.

Sans remonter aux origines des Frères Musulmans, Gilles Kepel s’en tient volontairement aux développements récents du mouvement. Au demeurant, Sayyid Qutb (1906-1966) en est le 1er vrai théoricien. Le titre et la genèse de son œuvre principale portaient en germe les violences qui vont suivre : Signes de piste (Ma’âlim at tarîq) montre aux activistes la voie ; écrit dans les prisons de Nasser, il reflète ce que la radicalisation du mouvement égyptien doit à la répression dont il a, sous le 1er raïs, été l’objet. Deux concepts « qutbiens » sont à l’origine des débordements futurs. La hâkimiyya est la souveraineté divine, seule légitime sur cette terre ; hélas elle ne s’est exercée qu’au temps béni des 4 premiers califes. Depuis la fin de ce bref âge d’or, l’umma, communauté musulmane selon le Prophète, n’existe plus ; la jâhiliyya la remplace, société laïque du n’importe-quoi dans laquelle vivent aujourd’hui les musulmans eux-mêmes. Dieu ou l’errance, telle est l’alternative, à vrai dire très classique, revivifiée par Qutb. Mais qui est responsable de ce couplage abandon, qui est « jâhilite », le peuple entier, ou le Prince pervers ? La question, laissée sans réponse précise, divisera le mouvement islamiste en plusieurs tendances.

Kepel en distingue cinq et c’est dans cette analyse fine et claire que réside l’apport essentiel de son livre. Ces cinq tendances sont de natures diverses. Si l’une est modérée, trois d’entre elles, violentes et structurées, finiront dans le drame. La 5e est représentée par un homme seul, prédicateur-vedette.

Les modérés, tolérés par Sadate, sont les héritiers quasi officiels du mouvement de Hassan al Bannâ, bien que l’auteur préfère les appeler néo-Frères Musulmans. Réformistes, n’hésitant pas à se compromettre dans l’économisme libéral (infitâh), ils ne s’en expriment pas moins vigoureusement dans leur journal Ad Da’wa, où ils dénoncent les quatre ennemis de l’islam : la juiverie, la croisade (comprenez : les chrétiens qui n’acceptent pas la soumission), le communisme et la laïcité.

Avec la Société des Musulmans de Chukri Mustafa nous entrons dans la violence. La société a été popularisée par la presse sous le pseudonyme de Takfïr wa hijra, (excommunication et hégire). Le pseudonyme est explicite : pour Chukri (lui aussi en prison de 1965 à 1971) c’est l’ensemble de la société égyptienne  qui est jâhilite ; il importe de « l’excommunier » et de s’en séparer par une « émigration » intérieure, au sein de petites communautés exemplaires, mais radicales. En 1977 la prise en otage d’un ancien ministre et son assassinat entraînent la destruction du groupe et l’exécution de Chukri et de quatre de ses compagnons.

Les Associations Islamistes (Jamâ’ât islâmiyya) constituent la seule organisation de masse. Associations étudiantes, elles supplanteront dans les universités, de 1973 à 1977 et avec la bienveillance de Sadate, la gauche nassérienne ou marxiste. Les campus deviendront « terre islamica », préfiguration de l’umma où les jamâ’ât font régner par la force l’ordre puritain. Mais leur succès résulte d’une analyse lucide de la crise de l’université égyptienne et de l’exploitation de ses faiblesses : inflation des effectifs ; situation des jeunes filles dans une société mixte mais sexuellement contrainte ; acquisition de connaissances d’origine occidentale, purement mémorisées et plaquées sur un fond traditionnel local sans que soit jamais ouvert le débat, pourtant prometteur, entre les 2 cultures. Le dynamisme et le rigorisme des Jamâ’ât ne pouvaient que mener à la violence. Les coptes en seront victimes, communauté chrétienne dont la solidité, l’égyptianité, l’ouverture récente au modernisme, sont arrogance indécente en pays d’islam. Les universités de Moyenne-Égypte, région à forte densité copte, voient au printemps 1980 les premiers affrontements. Un an après, en juin 1981, le quartier cairote de Zawiyat al Hamra est le théâtre d’atrocités confuses entre coptes et musulmans. Le drame fournira à Sadate l’occasion d’abattre le mouvement étudiant qu’il avait, huit ans plus tôt, encouragé. Le 3 septembre les Jamâ’ât sont dissoutes et les signes extérieurs de l’islamisme bannis de l’université.

Société des Musulmans et Associations Islamistes, par le modèle qu’elles-mêmes représentent, condamnaient la société égyptienne, tout entière impie. C’est au souverain jâhilite, à Pharaon le pervers que s’attaque le groupe Al Jihâd. responsable de l’assassinat du président Sadate. ’Abd as Salâm Faraj est le penseur du groupe. Le titre de son libellé définit son programme : L’impératif occulté, c’est le jihâd, la guerre sainte qu’il faut sans attendre mener contre le Prince indigne. « Les gouvernants d’aujourd’hui sont des apostats de l’islam, nourris aux tables de la colonisation, qu’elle soit croisée, communiste ou sioniste ». L’impératif sera pris au pied de la lettre, on le sait. Le 6 octobre 1981, le lieutenant Khâlid al Islambuli criera devant la tribune ensanglantée où vient de s’écrouler le raïs : « j’ai tué Pharaon ! ».

La prédication du chikh Kichk est, des cinq « tendances » citées par l’auteur, la plus chargée de sens. Vedette du one-man-show oratoire, le prédicateur aveugle (emprisonné, lui encore, de 1966 à 1968) rassemble chaque semaine, dans la capitale égyptienne autour de la mosquée « Source de vie », des foules passionnées. Ses prônes, aussitôt diffusés par cassettes, sont écoutés du Maroc à l’Irak. Gilles Kepel nous restitue l’un d’entre eux. Il faut lire ce prodigieux morceau d’éloquence populaire, érudite et priviale. Sous la vulgarité racoleuse transparaît une philosophie infiniment plus radicale que les violences des extrémistes engagés dans l’action. Kichk renvoie dos à dos, avec la même ironie féroce, pouvoir « socialiste » et théoriciens islamistes immatures. Il tient pour dérisoire les efforts des réformistes pour légaliser la chari’a divine. Dieu se défend seul : par la voix de Son Envoyé, il a tout dit aux Musulmans.

On voit, à lire Kepel. à écouter avec lui le prédicateur du Caire, la lueur terrible que jette, sur l’islam lui-même, l’islamisme. Entre Dieu et l’errance, il faut choisir. Mais, vénéré chikh, que dit Dieu ? Telle est la question. Tout ou Presque-rien ? Tout m’effraie, Presque-rien m’enchante.


(1) On emploie ici, comme l’auteur « islamisme », bien que le choix de ce terme, préféré à « intégrisme » ou « fondamentalisme », soit discutable.

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