Les Vrais Soldats de Napoléon ne sont ni sur les tableaux des peintres officiels de l’Empire ni dans les vitrines des collectionneurs de figurines historiques. Nous ne connaissons généralement d’eux que leur aspect « glorifiés », installé sur le piédestal d’immortalité qu’on réserve aux héros. Nous les imaginons facilement la tête haute, dans un ordre impeccable, revêtus du brillant uniforme dont le « règlement » donne une description minutieuse.

En fait, ils ne ressemblaient que très exceptionnellement à ces militaires de parade. Il suffit de réfléchir à la vie d’enfer qu’ils menèrent, pendant dix années consécutives, de Cadix à Moscou pour s’en convaincre : « L’Empereur gagne la guerre avec nos jambes », disaient-ils, ceci par tous les temps, avec des fournitures vestimentaires insuffisantes, un ravitaillement laissé à la discrétion du pillage et des réquisitions, et un logement « à la belle étoile » sans tente ni abri préfabriqué.

Pour découvrir le vrai visage des soldats de l’Épopée, nous nous sommes alors tournés vers des peintres peut-être moins brillants, mais plus sincères et plus incisifs : des dessinateurs attachés aux états-majors de la Grande Armée, des combattants, des observateurs civils…

Tous sont dignes du qualificatif de « reporter », car ils ont croqué sur le vif les hommes au sein d’un événement, en restant à l’échelle de l’individu et sans trop préméditer le sens de leur relation. Grâce à eux, nous entrons dans l’intimité de la vie quotidienne des troupiers de Napoléon.

Il va sans dire que l’ensemble des documents iconographiques réunis dans cet album n’a d’autre prétention que d’illustrer ce que furent les conditions de vie quotidienne des militaires de la Grande Armée.

Les images rassemblées ne manquent pas de pittoresque, elles sont vivantes parce qu’elles sentent le vrai.

Sans doute, elles démystifient les soldats de Napoléon, mais elles n’en diminuent pas pour autant leur gloire. S’ils furent des héros, ils n’en restèrent pas moins des hommes. ♦