Le sujet est nouveau. On conçoit qu’il puisse passionner non seulement les savants, mais aussi un public averti et curieux des choses scientifiques. L’histoire du climat est pratiquement inconnue. Aussi l’auteur ne se hasarde-t-il pas à l’écrire dans ses détails ; il insiste plutôt sur les méthodes qui, à son avis, doivent permettre de la connaître. Le lecteur trouvera certainement un véritable plaisir intellectuel à suivre l’auteur dans ses études et ses déductions, qui font penser à certaines démarches de l’archéologie ; car les témoins du climat sont rares et lorsqu’ils existent, ils ne peuvent être interrogés sans précautions minutieuses : tels les arbres, par exemple, dont les anneaux annuels révèlent les sécheresses et les pluies, les chaleurs et les froidures extrêmes. C’est donc à partir d’observations patientes – l’auteur décrit longuement ses recherches sur les glaciers alpins – qu’il est possible de poser maintenant quelques jalons grâce auxquels l’histoire du climat pourra plus tard être reconstituée.

Si l’histoire du climat est intéressante en elle-même, il est évident que la science doit chercher avant tout à déterminer quelles sont ses influences sur la vie des hommes. En ce domaine, Emmanuel Leroy-Ladurie ne s’aventure pas : il est trop tôt, pense-t-il, pour pouvoir tirer des conclusions en la matière. Cependant, les quelques remarques faites sur ce sujet retiendront certainement l’attention du lecteur et lui montreront l’utilité pratique des recherches scientifiques.

Au total, un livre du plus haut intérêt, que son caractère scientifique n’empêche pas d’être séduisant.