Politique et diplomatie - Camp David : la Cisjordanie et Gaza
On a beaucoup écrit sur les accords de Camp David, rendus publics au terme des entretiens qui, du 5 au 17 septembre 1978, ont réuni à l’invitation du Président des États-Unis, MM. Carter, Begin et Sadate. Et cependant, il reste, me semble-t-il, à faire l’analyse minutieuse d’un texte qui constitue une sorte de chef-d’œuvre de technique diplomatique, ce qui ne signifie pas pour autant que le processus dont les plans sont dessinés en détail – non sans ambiguïtés (1) – doive sans défaillance conduire au terme qui lui est fixé : la paix au Moyen-Orient. L’exemple, en effet, n’est pas rare d’édifices ambitieux construits sur le papier, dont la réalisation s’avère impossible. En témoigne, entre autres, l’échec du projet de Communauté Européenne de Défense, bon exemple de construction technico-diplomatique destiné à résoudre des exigences contradictoires stratégiques, économiques et politiques qui fit beaucoup écrire et beaucoup parler, mais qui demeura lettre morte (2).
Cette comparaison ne signifie pas qu’il faille accueillir avec scepticisme le résultat inespéré, il faut l’avouer, d’une négociation acharnée de treize jours. Elle a seulement pour objet de situer dans leurs vraies perspectives les résultats de « Camp David » qui ne sont qu’un projet, non un aboutissement. Ce projet, tel qu’il ressort des textes, est complexe, et l’analyse qui a pu en être faite par le lecteur français dans la seule version qui ait été publiée au moment où j’écris, une traduction très imparfaite du texte original, est en général sommaire (3).
Les accords comprennent trois volets. L’un, le second, assez court, qui concerne les relations israélo-égyptiennes, prévoit la conclusion d’un traité de paix entre les deux parties dans un délai de trois mois. Il ne sera pas analysé ici dans le détail. Le contentieux israélo-égyptien, considéré en dehors du contexte arabe global, ne comportait en effet pas de problèmes insolubles, voire difficiles. Par cet accord, le Président Sadate obtient ce à quoi aspirent sans aucun doute son peuple et probablement son armée, la paix ; et le Raïs peut également se targuer d’obtenir après la signature du traité, et dans un délai de trois à neuf mois, l’évacuation de la péninsule du Sinaï par les forces israéliennes et la récupération totale du territoire égyptien occupé depuis 1967.
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