Guillaume le Taciturne
L’histoire de Guillaume le Taciturne, c’est en fait l’histoire du duel personnel entre Philippe, Roi d’Espagne et Guillaume, Prince d’Orange. Deux conceptions politiques s’opposaient : « Les perspectives de Philippe représentaient parfaitement la rigide superposition de l’État aux multiples et divergents intérêts des hommes ; les perspectives de Guillaume – ou plutôt son manque de perspective – représentant en abrégé ces développements dus au hasard, aux nécessités pratiques, ou à l’instinct populaire, qui, à chaque tournant, essayaient de freiner le pouvoir grandissant de la machine autocratique. » De cette lutte se dégage le personnage du Taciturne qui, malgré des faiblesses et des contradictions, des hésitations dont on n’est même pas sûr qu’elles masquaient les desseins politiques, s’élève en haut-relief sur l’histoire. « Il fait partie de ce petit nombre d’hommes d’État qui ont rendu à l’humanité un service plus grand que ceux qu’ils ont rendus à leur temps ou à leur peuple… Certains hommes ont une qualité de grandeur qui donne à leur vie une signification universelle… De tels hommes existent pour renouveler la foi de l’humanité en elle-même… Du nombre était Guillaume de Nassau, Prince d’Orange, appelé le Taciturne. »
Miss C.V. Wedgword est une historienne de grand talent. Si le Taciturne est l’axe de son récit, elle est amenée à nous écrire l’histoire même de l’indépendance des Pays-Bas à laquelle se superpose l’histoire de la Réforme en cette partie de l’Europe. Une des conclusions les plus passionnantes est celle que l’on peut tirer de l’enchevêtrement des problèmes politiques et religieux : la Réforme n’a-t-elle pas été une manœuvre politique ? la lutte pour l’indépendance n’avait-elle pas pour objet majeur la réforme religieuse ? ♦