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  • Revue n° 535 Octobre 1992
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Conclusion

Paul-Marie La Gorce (de), « Conclusion  » Revue n° 535 Octobre 1992 - p. 58-60

Ce qui survient aujourd’hui en Moyenne-Asie concerne tous les équilibres du monde : c’est, à l’évidence, la leçon principale qu’il faut tirer des exposés de M. Éric Rouleau, de M. Olivier Roy et de Mme Élisabeth Moreau. Pour la réflexion politique et stratégique en France, c’est peut-être une donnée nouvelle. Longtemps, il faut l’admettre, cette partie de l’Asie a échappé à l’analyse et même à l’attention de la plupart des spécialistes français du continent asiatique, et contribuer à combler cette lacune était l’un des buts que nous avons poursuivis en organisant cette soirée d’étude du 11 juin. En revanche, les Anglo-Saxons lui ont attribué une importance majeure et le concept de South West Asia est familier à leurs chercheurs comme à leurs journalistes, à leurs diplomates comme à leurs stratèges. Cependant, les événements survenus dans cette partie du monde furent tels, en moins de quinze ans, que la négligence et l’ignorance ne sont décidément plus de mise.

Là-bas comme dans l’est de l’Europe ou en Afrique australe, c’est dans l’ère des ruptures que nous sommes entrés. La révolution iranienne de 1978-1979 en a donné le signal. D’un seul coup, la pièce maîtresse du dispositif stratégique établi par les États-Unis sur le flanc sud de l’Union soviétique s’effondrait, le régime politique et social du pays était bouleversé et la première guerre du Golfe, entre l’Irak et l’Iran, en était le prolongement direct. La révolution d’avril 1978 en Afghanistan, suivie de l’intervention soviétique de décembre 1979, annonçait d’autres bouleversements : ce n’était pas seulement une révolution à l’intérieur du pays qui s’était produite, avec l’inévitable guerre civile qui l’accompagnait et qui allait se poursuivre si longtemps, c’était l’engrenage implacable des interventions extérieures qui s’ensuivraient, mettant en cause l’aide directe ou indirecte des plus grandes puissances, et aussi celles des États situés à la périphérie de la région, de l’Arabie Saoudite au Pakistan. Aujourd’hui encore nous avons sous les yeux le spectacle de l’effondrement de l’ancien État afghan, les soubresauts d’une guerre civile qui, avec d’autres lignes de partage, continue d’embraser tout le pays, et la poursuite des interventions étrangères, souvent guidées par d’autres intérêts. Toutefois, par-dessus tout, bien entendu, l’effondrement de l’Union Soviétique a suscité dans toute la Moyenne-Asie des ruptures nouvelles et spectaculaires remettant en cause définitivement l’échiquier politique et stratégique que nous connaissions.

Dans cette région, les lignes de partage et les frontières ont été soudain révisées. La carte du monde en a été profondément bouleversée et peut-être ces changements, à la réflexion, ne sont-ils pas achevés. Telle est la seconde et principale leçon des interventions et des débats que nous avons entendus. L’émergence de nouveaux États indépendants — le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, le Turkménistan et l’Ouzbékistan — suffisait déjà à provoquer un nouveau découpage politique remettant en cause l’héritage de plusieurs siècles de pénétration méthodique et profonde entreprise et réussie par l’Empire, des tsars, devenu plus tard Union soviétique. Du coup, se déplaçait ainsi la ligne de partage fondamentale qui séparait l’ancienne zone d’influence russo-soviétique de tout le reste de l’Asie Moyenne et, dans cette région aussi, s’achevait par un formidable recul une page capitale de l’histoire de la colonisation européenne. Non que la conclusion en soit définitive ; à la ligne de partage ancienne et maintenant disparue, rien ne s’est encore substitué dont on soit tout à fait sûr : le Kazakhstan est, pour 40 % de sa population, peuplé de Russes et la stabilité du pays, son régime intérieur et même ses frontières, peuvent être remis en cause.

La précarité des nouveaux États, la pauvreté durable de certains d’entre eux, appellent presque nécessairement d’autres influences qui pourraient se substituer à l’ancienne prépondérance russe. Là encore, aucune ligne de partage durable ne s’est établie jusqu’ici. Les grandes et les moyennes puissances ne manqueront pas d’y concourir, les unes jouant de leur proximité géographique ou de leurs affinités culturelles et religieuses, les autres de leur puissance économique, voire de leurs moyens militaires. De toute façon, dans les analyses que nous poursuivrons sur l’avenir de la Moyenne-Asie, une donnée principale nous guidera : la carte du monde y a été profondément modifiée et rien n’exclut qu’elle ne soit changée à nouveau.

On a beaucoup insisté, durant cette soirée d’étude, sur la compétition déjà commencée en Moyenne-Asie entre l’Iran et la Turquie. Tout, en effet, destinait ces deux pays à y jouer un rôle déterminant, dès lors que s’accomplissait le reflux de la Russie. L’un et l’autre se trouvaient à pied d’œuvre pour agir. La Turquie disposait de l’avantage essentiel d’une parenté culturelle et linguistique avec les peuples des deux rives de la Caspienne, en Azerbaïdjan comme dans les républiques anciennement soviétiques d’Asie centrale. L’Iran est directement mitoyen de celles-ci. L’une a pour atout son remarquable développement économique contemporain et d’être un point de passage obligé entre la Moyenne-Asie et le monde méditerranéen et européen. L’autre tire beaucoup de ses moyens d’action de sa très grande puissance pétrolière. L’une incarne, du moins à sa façon, la laïcité, la modernité, une certaine forme d’occidentalisation de nature à séduire les peuples qui ont connu leur propre voie de modernisation au temps de l’Union soviétique et qui n’aspirent certainement pas à un retour en arrière. L’autre est porteur, pour le moment, d’une force à la fois religieuse et politique, traditionaliste et révolutionnaire, prétendant remonter aux sources historiques et culturelles du monde islamique.

On a eu l’occasion de voir que, dans cette compétition, la Turquie pourrait avoir le soutien des États-Unis et des pays européens, tandis que l’Iran apparaîtrait, à l’inverse, comme champion d’une résistance aux nouvelles formes d’impérialisme : mais le jeu, ici, reste ouvert, tant il est vrai que les régimes peuvent changer et que les alliances peuvent se retourner. Quoi qu’il en soit, la compétition entre la Turquie et l’Iran paraît, au total, devoir se maintenir dans certaines limites. Aucun des deux États, semble-t-il, ne dispose des moyens propres à éliminer l’autre. C’est l’une des conclusions majeures des interventions que nous avons entendues. La Turquie connaît ses propres difficultés et son évolution la porte vers l’Europe autant que vers la Moyenne-Asie, au point qu’elle voulut donner, durant toutes ces dernières décennies, la priorité absolue à sa vocation européenne : même si, aujourd’hui, l’effondrement de l’Union Soviétique lui ouvre de nouvelles et fascinantes possibilités à l’Est, elle cherchera à maintenir au moins un certain équilibre entre ses ambitions. L’Iran, de son côté, restera handicapé par son retard économique et social, et le caractère idéologique et religieux de son régime, pour autant qu’il subsiste, continuera de susciter autant ou même davantage de répulsion que de sympathie.

Ce qui ressort enfin des interventions et des débats que nous avons entendus, c’est que l’on est en présence, dans cette région du monde, de ce que l’on pourrait appeler un « déficit d’empire », car ce furent toujours des empires qui la dominèrent. Sans remonter trop loin dans l’histoire et en s’en tenant à l’époque moderne et contemporaine, on vit reculer, sous l’effet des avancées russes, l’ancien Empire perse ; on vit s’écrouler l’Empire ottoman. Le Japon, quand il voulut dominer l’Asie, n’a pas pu franchir l’insurmontable barrière que lui opposa l’inlassable résistance de la Chine. L’Empire britannique qui reliait son empire des Indes à ses possessions du Proche-Orient par la zone d’influence qu’il avait établie en Afghanistan, en Iran et dans les autres pays riverains du Golfe, s’est disloqué et a disparu à son tour. L’empire russo-soviétique appartient maintenant au passé.

L’historien ne peut que s’interroger sur l’émergence éventuelle d’un nouvel empire, ou, du moins, d’une influence prépondérante, et le stratège ne peut s’en désintéresser. On ne peut ici que s’en tenir à des hypothèses approximatives sur l’identité de ce nouvel empire ou de cette zone d’influence prépondérante. Pour jouer ce rôle, le monde arabe est entravé par ses divisions, ses archaïsmes politiques et sociaux, les inégalités de son développement économique. L’Inde est trop accaparée par ses problèmes intérieurs et trop étrangère au monde, principalement musulman, de la Moyenne-Asie. Le Japon paraît trop éloigné et tourné vers d’autres directions, encore que ses besoins en matières premières le poussent à se préoccuper de l’exploitation éventuelle de toute l’ancienne Asie soviétique, et que Pékin et Tokyo ont annoncé leur intention de coordonner leurs efforts en Asie centrale. La Chine, au contraire, dispose des avantages de sa position géographique, puisqu’elle est mitoyenne de toute la Moyenne-Asie, de son inépuisable richesse démographique, de sa puissance militaire et du potentiel économique énorme qu’elle peut constituer à l’avenir. Il est sans doute impossible, en définitive, d’aller au-delà de ces spéculations.

Le destin de la Moyenne-Asie, en tout cas, nous concerne, parce que les enjeux économiques, stratégiques, politiques, y déterminent, pour une grande part, les équilibres du monde : c’est pourquoi nous continuerons d’y porter notre regard. ♦

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