En 1499, le roi Louis XII interroge le maréchal Jacques de Trivulce sur comment réussir une campagne militaire. Ce dernier répond « trois choses sont absolument nécessaires : premièrement de l’argent, deuxièmement de l’argent, troisièmement de l’argent ». Cette formule sera reprise ultérieurement par le cardinal de Richelieu, avec la fameuse formule : « L’argent est le nerf de la guerre. » Cette petite anecdote historique illustre l’importance des facteurs économiques dans la conduite de la guerre soit, dit en langage contemporain, dans les politiques de défense.

Cette mise en perspective historique paraît cependant terriblement d’actualité. La crise économique qui fait suite à la crise sanitaire de la Covid-19 impliquera sans aucun doute des arbitrages budgétaires difficiles. Malgré l’annonce d’un plan de relance pour le secteur aéronautique, doté de 15 milliards d’euros, et d’un plan de relance budgétaire, les prévisions pour les années à venir sont dégradées ⁽¹⁾.

Ces choix budgétaires ont et auront des conséquences multiples. De fait, les dépenses d’équipement de défense sont les plus sensibles à la conjoncture économique. Elles ont souvent, par le passé, servi de « variable d’ajustement » d’un budget soumis à des contraintes de plus en plus fortes, comme le montre le respect tout relatif des prévisions budgétaires inscrites dans les différentes lois de programmation militaire. Ces variations ne sont pas sans affecter in fine les entreprises de la défense, qui inscrivent leurs stratégies dans le temps long afin de développer des capacités technologiques et industrielles souvent spécifiques.