La sidération voire l’humiliation sont devenues des outils pour les relations internationales où la brutalité et le rapport de forces sont devenus la norme. Ce processus a été accéléré depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump. Pour les Européens, il y a une forme de tétanisation face au Kremlin depuis longtemps et désormais face à Washington. Il y a urgence à affronter ces ruptures.
Sud de l’Europe - La sidération, outil des relations internationales
Southern Europe—Shock Tactics in International Relationships
Shock and humiliation have become tactics in international relations in which brutality and power dynamics are now the norm. This process has accelerated since Donald Trump’s return to the White House. Europeans have long suffered a sort of paralysis when facing the Kremlin: they now suffer the same facing Washington. There is an urgent need to face up to these dramatic changes.
La manière odieuse dont Donald Trump et son vice-président James David Vance ont organisé l’humiliation du président ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche le 28 février 2025 restera dans les annales. Sur le fond, elle rappelle que l’époque est marquée par la force brute, l’absence de morale ou d’idéologie et l’indifférence à l’égard des faibles : Vae victis. Sur la forme, elle illustre à la fois le style brutal et imprévisible de la nouvelle administration américaine mais aussi le fait que la sidération est devenue un outil banalisé des relations internationales pour prendre l’ascendant sur un adversaire, un rival, voire un partenaire.
Cet emploi décomplexé de la force d’État est également visible en politique intérieure : l’arrestation arbitraire du principal opposant Ekrem Imamoglu et celle de nombreux journalistes par le président turc Recep Tayyip Erdoğan, la condamnation de l’écrivain Boualem Sansal par un tribunal algérien aux ordres du président Tebboune ou le limogeage de Ronen Bar, chef du Shin Bet (renseignement intérieur) et de Gali Baharav-Miara, conseillère juridique du gouvernement israélien, par le Premier ministre Benyamin Netanyahou en ont été les illustrations ces dernières semaines. D’autres exemples ne manqueront pas de suivre ; les autocrates ne craignant plus vraiment d’être mis à l’index par des dirigeants américains tentés de les imiter – comme en témoigne l’annonce de Donald Trump de peut-être concourir à un troisième mandat, ce qu’interdit la Constitution des États-Unis – et par des dirigeants européens tétanisés par le Kremlin et désormais par la Maison-Blanche.
Une étrange partie de poker
Au Moyen-Orient, les puissances s’affairent. Le Premier ministre israélien, par hubris devant les succès de Tsahal et pour retarder la commission d’enquête le concernant, a ordonné la reprise des hostilités dans la bande de Gaza, profitant du blanc-seing donné par la Maison-Blanche. Il a autorisé également de nouvelles frappes en Syrie, mais aussi au Liban contre le Hezbollah, rappelant que la durée de l’accord de cessez-le-feu contre la milice chiite avait été dépassée. On peut désormais s’attendre à une annexion partielle de Gaza et de la Cisjordanie puisque Washington ne semble pas vouloir s’y opposer. L’annexion, même partielle, de la Cisjordanie viserait là aussi à sidérer les acteurs arabes impliqués : Qatar, Égypte, Jordanie et Arabie saoudite.
Il reste 83 % de l'article à lire
Plan de l'article