Editorial
Éditorial
L’actualité stratégique est depuis plus de trois ans très orientée vers le conflit imposé par la Russie à l’Ukraine depuis le 24 février 2022, la guerre aux Proche- et Moyen-Orient suite aux attaques terroristes du 7 octobre 2023 et à la rivalité géopolitique entre les États-Unis et la Chine. Le retour à la Maison-Blanche de Donald Trump depuis le 20 janvier a, à la fois, accéléré le tempo des relations internationales et accentué le chaos et la remise en cause des principes du droit international en favorisant le rapport de force plutôt que la médiation.
Et de fait, l’attention médiatique relayée par l’usage intensif des réseaux sociaux a occulté la réflexion sur le temps long et le besoin de comprendre pour pouvoir ensuite agir. C’est bien le rôle de la RDN de favoriser cette prise de recul pour pouvoir affronter les défis géopolitiques de demain. Parmi ces défis, l’Afrique en est un particulièrement important non seulement pour la France, mais aussi pour l’Europe et les autres continents. Loin des clichés trop souvent centrés sur les migrations et les mauvaises gouvernances, l’Afrique progresse et construit un avenir pluriel tant il existe des Afriques aux défis multiples. Il était donc nécessaire que nous proposions ce tour d’horizon – certes non exhaustif – mais indispensable pour comprendre les mutations de ce continent.
Comme chaque été depuis 2016, l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (Irsem) a piloté ce numéro avec la volonté d’apporter de nombreuses contributions d’experts et de praticiens permettant une approche particulièrement riche et bien documentée. Le résultat est à la hauteur des espérances et démontre combien l’Irsem s’est imposé comme un acteur majeur de la recherche stratégique donnant des éclairages essentiels indispensables à la prise de décision.
Tout au long des 232 pages de ce numéro, l’Afrique se construit avec ses succès mais aussi ses échecs, dont trop souvent la méconnaissance mutuelle et l’incapacité à dépasser les différences. Même si fréquemment l’actualité médiatique occulte ce continent, il apparaît bien qu’il est partie prenante des interactions bousculant les équilibres mondiaux. D’ailleurs, paradoxalement, tous les grands acteurs mondiaux y ont des intérêts ou y voient un champ d’action pour leur politique extérieure, comme les États-Unis – bien qu’en repli –, la Russie ou encore la Chine. La France a été et reste un partenaire historique avec l’obligation de revoir ses modes d’action, en acceptant de ne plus être en situation de monopole et en proposant un nouvel équilibre qui s’inscrive dans la durée. Cela oblige à comprendre cette Afrique qui bouge, qui évolue et qui a ses propres exigences pour son futur. ♦