Politique et diplomatie - L’irréductible terrorisme
En plein cœur de cet été 2000, par un de ces hasards inquiétants qu’aime l’histoire, le mardi 8 août trouve une unité sinistre par trois actes terroristes dans trois lieux bien différents. Au centre de Moscou, au métro Pouchkine, une bombe tue plusieurs personnes et fait des dizaines de blessés. Le même jour, en Espagne, des militants de l’ETA meurent en préparant des attentats à la voiture piégée. Enfin, en Corse, l’ancien dirigeant nationaliste, Jean-Michel Rossi, et son garde du corps, sont assassinés à la mitraillette. Quel matériau pour l’un de ces énormes romans, qu’on lit sur la plage ! À partir de trois faits a priori sans rapport les uns avec les autres, l’on se perd dans un complot planétaire, manipulé par un savant fou rêvant d’asservir l’humanité. La réalité est beaucoup plus désordonnée et chaotique. Il n’y a évidemment aucun lien entre les trois évènements… sinon le terrorisme. Le phénomène est toujours là, multiforme, fuyant mais constamment menaçant.
En cette aube du XXIe siècle, d’un point de vue rationnel, le terrorisme doit disparaître. Or il ne disparaît pas. Telle est l’énigme. Alors que faire ?
Pourquoi le terrorisme doit-il disparaître ?
Le terrorisme est en général défini comme l’instrument des faibles, des désespérés, de ceux qui ne parviennent pas du tout à être entendus, comme l’ultime recours de ceux qui n’ont plus rien à perdre. Pour paraphraser Lénine, le terrorisme est le stade infantile de toute lutte : anarchistes, au tournant des XIXe-XXe siècles, ayant pour objectif d’anéantir la société existante ; premiers pas des mouvements de résistance dans des pays occupés (par exemple, Europe lors de la Seconde Guerre mondiale) ; débuts des luttes d’indépendance et décolonisation… Nombre d’hommes d’État ou de politiciens, de Joseph Staline à Menachem Begin, ont pratiqué le terrorisme et y ont gagné une légitimité. Enfin, combien d’États ont fonctionné ou fonctionnent par la terreur, de l’URSS et la Chine à l’apogée de leur élan révolutionnaire aux dictatures d’Amérique latine !
Il reste 86 % de l'article à lire
Plan de l'article






