La France et l'Allemagne ont pris conscience de leurs responsabilités historiques pour la réussite de l'élargissement de l'Union européenne. Dans le domaine de la défense leur coopération constitue pour l'Europe une nécessité cohérente avec son intégration économique et politique. Le concept stratégique commun élaboré lors du sommet franco-allemand de Nuremberg a apporté une base solide de réflexion et d'action pour relancer la coopération militaire et marquer ainsi l'anniversaire du traité de l'Élysée.
Pour une relance de la coopération militaire franco-allemande
« Le partenaire naturel de l’Allemagne est la France » (Helmut Kohl)
La réunification de l’Allemagne a eu pour conséquences logiques le recentrage de la République fédérale sur Berlin, ainsi que le plein exercice de la souveraineté politique de cette même Allemagne. Cette phase de consolidation de la souveraineté, qui n’est pas encore terminée, n’a pas manqué de se répercuter sur le dialogue franco-allemand. Le 25e anniversaire du traité de l’Élysée, survenu peu de temps avant la réunification, avait été l’occasion de relancer la coopération entre les deux pays, en particulier dans le domaine de la défense. Cependant, il subsistait toujours entre ces deux partenaires un malentendu non explicite, que l’on retrouve en scrutant les textes officiels du traité de l’Élysée. En effet, du côté français on ne mentionne pas la réunification. En Allemagne, la « loi relative à la déclaration commune et au traité », votée par le Bundestag le 15 juin 1963 à l’occasion de la ratification, stipule dans ses « attendus » que ce traité ne s’oppose pas « au rétablissement de l’unité allemande », ce qui équivalait à un accord implicite de la France.
Aujourd’hui, l’euphorie fédéraliste s’est affaissée et l’Europe se trouve confrontée aux problèmes politiques de fond, avec pour corollaire immédiat une impuissance militaire flagrante. Il paraît donc à la fois utile et nécessaire pour nos deux pays d’en revenir à l’esprit du traité de l’Élysée, et ce d’autant plus que le malentendu sur la réunification a disparu. Dans cette nouvelle égalité, où la France a perdu son caractère de « plus égale » face à la RFA, les questions de défense et de sécurité peuvent retrouver un rôle fédérateur entre nos deux pays. Le concept stratégique commun signé le 9 décembre 1996 à Nuremberg pourrait constituer une base solide à la reprise de la coopération dans ce domaine, tout en prenant en compte les évolutions des relations internationales nouvelles.
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