Revue des revues
H. Frank (1) se penche sur les tâches et capacités de la Bundeswehr. Les récentes VPR (les « lignes directrices » en politique de défense du ministre) constatent avec raison que la défense collective de l’Alliance (2) doit céder la priorité à la gestion des crises qui, à divers titres, menacent la paix et la stabilité du monde. Elles ne précisent pas, en revanche, comment traduire leurs objectifs en planifications concrètes ; une panoplie de scénarios présentant les diverses options de modes d’action serait utile. Les VPR ne précisent pas non plus les rôles respectifs de chaque armée et l’importance relative de celles-ci, en concurrence serrée pour la répartition de maigres crédits.
Sans jamais faire « cavalier seul », l’Allemagne est incontestablement obligée de participer, en solidarité avec ses partenaires, au maintien de la paix. Elle doit donc entretenir un volume « adéquat mais non surdimensionné » de forces terrestres, aériennes et navales, mobiles et techniquement aptes à coopérer. Même là où des intérêts allemands vitaux ne sont pas en jeu, ces forces peuvent avoir à participer à des conflits lointains qui, sans être une menace existentielle sur l’Europe, engendrent une instabilité grave et durable dans des régions cruciales comme l’Asie centrale et l’Asie du Sud-Ouest.
Quels que soient les progrès espérés de la Pesc-PESD, la décision d’intervenir ou non militairement reste, et doit rester, la prérogative des gouvernements et des Parlements ; car il s’agit de la vie de concitoyens « et l’armée européenne n’est pas pour demain » ! La prise de décision exige d’avoir une connaissance autonome « ni fardée, ni tronquée » de la situation, de réfléchir aux buts politiques de l’intervention en les corrélant avec les intérêts allemands : « cela vaut-il les os d’un grenadier ? » disait Bismarck.
Il reste 86 % de l'article à lire
Plan de l'article